Les partis politiques sont attendus de pied ferme par les électeurs pour les élections locales de novembre. L'abstention risque encore une fois de faire très mal. Il y a vraiment quelque chose qui a changé dans les rapports entre le citoyen algérien et sa classe politique. L'arme tant redoutée de l'abstention a fait son intrusion de manière fracassante dans les rendez-vous électoraux. La «Berezina», très mal vécue par les partis politiques dans leur ensemble lors du scrutin du 17 mai, a affolé jusqu'aux plus hauts responsables de l'Etat. 65% d'Algériens ont purement et simplement boudé les urnes ce jour-là. La leçon a-t-elle été retenue? Comment expliquer ce phénomène et comment compte-t-on y remédier? L'initiative fort contestée du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui a consisté en l'envoi de quelque 4 millions de lettres aux électeurs pour tenter d'en comprendre les motivations, n'a pas été du goût de tout le monde. Les destinataires de ces correspondances ainsi que quelques partis politiques qui peuvent se compter sur les doigts d'une seule main (FFS, RCD...) y ont vu une remise en cause d'un droit constitutionnellement établi. Le droit à l'abstention. La mise au point du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Yazid Zerhouni n'a pas convaincu outre mesure. «Il s'agit d'une simple opération qui consiste à assainir les listes électorales», a-t-il déclaré. Le taux d'abstention des élections législatives du 17 mai 2007 s'expliquerait en partie par la non- réception des cartes d'électeurs par les citoyens qui ont changé de résidence sans l'avoir signalé, selon ce dernier. La fracture sociale. Un phénomène que redoutent tous les partis politiques, surtout ceux qui sont en charge des affaires du pays. Il est synonyme d'instabilité sociale. Revendications, grèves... C'est-là que le malaise a pris corps, au point où l'Algérie est en total «désamour» avec ses partis politiques et ceux qui ont en charge l'application du programme économique du pays. L'Algérie vit une aisance financière confortable et historique. Un matelas financier qui ne doit pas être loin d'avoisiner les 100 milliards de dollars. Sonatrach vient d'annoncer avoir engrangé quelque 27 milliards de dollars pour le premier semestre 2007. Recettes dues essentiellement aux exportations en hydrocarbures. Mais il y a tout de même un «mais»: un certain malaise social semble durablement s'être installé. Le citoyen algérien ne sait plus où donner de la tête. La flambée des prix de tous les produits de consommation n'obéit à aucune rationalité. Elle défie toute les lois de l'économie. Elle n'est pas comprise pour n'avoir pas été accompagnée par une augmentation des salaires conséquente. Quelque chose ne tourne pas rond de toute évidence. Les départements en charge de cette crise n'arrivent pas à convaincre quand ils ne communiquent plus. Des promesses, que des promesses. Centrale syndicale (Ugta), élus, partis politiques et même le gouvernement sombrent dans le mutisme quand ce n'est pas la langue de bois. On annonce une bipartite par-ci, une tripartite par-là. Des grilles de salaires qui ne seront appliquées qu'en 2008. Le prix du pain et du lait continueront-ils à être subventionnés par l'Etat? Un Etat providence. Jusqu'à quand? Et c'est dans ce climat que les partis politiques affûtent leurs armes pour affronter les élections locales (APC/APW) qui devraient avoir lieu en novembre. Qui convaincront-ils? Quelles seront leurs promesses? Quelle seront leurs arguments pour faire déplacer les électeurs aux urnes? Ils seront attendus par le citoyen algérien sur ce dernier point. Ils seront surveillés comme du lait sur le feu. Les électeurs risquent encore une fois de faire très mal. La classe politique après la retentissante gifle du 17 mai prendra-t-elle le risque de tendre l'autre joue?