Un faisceau de faits et d'informations vient corroborer l'idée que des menaces sérieuses planent sur les trois capitales à la suite des déclarations d'El Zawahiri et des derniers attentats commis en Algérie et au Maroc. Le contexte se prête en France et en Algérie à une pression accrue des menaces terroristes sur Alger et Paris. Dans les trois capitales on se prépare à des échéances électorales importantes. En Algérie, on aura, au printemps, les élections législatives, et en automne les élections locales, alors qu'en France, les échéances sont encore plus décisives avec la présidentielle suivie, juste après, par les législatives, pour donner une majorité au futur président. Ce qu'on peut remarquer, c'est que les menaces d'Al Qaîda tombent à pic pour booster un parti d'extrême droite comme celui de Jean-Marie Lepen, qui ne cherche qu'un prétexte pour monter dans les sondages et, éventuellement, ravir la vedette à ses rivaux au premier tour de la présidentielle, comme cela fut le cas un certain 23 avril 2002, où il avait ravi la vedette à Lionel Jospin, pourtant favori des sondages. Les signes avant-coureurs de cette montée d'adrénaline sont nombreux. Il y a d'abord cette allégeance du Gspc algérien à Al Qaîda d'Oussama Ben Laden, se transformant en branche d'Al Qaîda pour le Maghreb islamique. Cette allégeance est elle-même à relier avec les menaces d'El Zawahiri, numéro deux d'Al Qaîda, d'attaquer les intérêts français partout dans le monde. En outre, l'idée que les groupes terroristes maghrébins (Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie) soient passés sous la coupe du Gspc Maghreb est corroborée par le dernier attentat suicide dans un cybercafé de Casablanca, qui a fait trois morts, dont le terroriste. Et dernier et non des moindres, il y a cette mise en garde de l'ambassade américaine sur son site Internet, à ses ressortissants d'abord, mais il y aussi cette note indiquant qu'existent des présomptions de menaces sérieuses sur l'attaque d'un avion commercial algérien. Un tel faisceau de preuves n'est pas fait pour calmer les esprits, loin de là. Bien entendu, on reste tous encore sous le choc des derniers attentats qui ont ciblé plusieurs commissariats dans la région centre du pays, faisant de nombreuses victimes, dans une simultanéité nocturne qui laisse perplexe sur la capacité de nuisance des groupes terroristes. Quant aux étrangers vivant en Algérie, et malgré une relative sécurité qui a été constatée par plusieurs observateurs, ils vivent tout de même dans une certaine crainte, après l'attaque à Bouchaoui d'un bus de BRC et d'un autre qui transportait des travailleurs algériens et russes. Ce n'est pas sans raison que les commissariats sont barricadés depuis de nombreuses semaines dans les villes algériennes, notamment au centre du pays. Mis bout à bout, ces différents attentats, ainsi que les menaces proférées par Al Qaîda, indiquent que la situation est sérieuse et qu'il y a bien un plan préétabli de frapper un grand coup dans cette région, Maghreb et France. Al Qaîda ne vise rien moins qu'à déstabiliser les régimes en place, aussi bien à Paris, Rabat, qu'à Alger, même si le temps a montré que le terrorisme et l'intégrisme qui lui sert de terreau ont perdu la partie. Le procès du ressortissant égyptien qui recrute des djihadistes algériens pour l'Irak a mis à nu une autre facette de ce vaste complot terroriste, qui devient transnational et touche désormais différentes parties de la planète. Bien évidemment, face à de telles menaces, les services de sécurité des pays concernés ne restent pas les bras croisés, puisqu'on annonce qu'une coordination entre les services algériens et marocains a été mise en place pour échange d'informations. Les groupes qui agissent des deux côtés de la frontière sont fichés et connus des services des deux pays, et la conjugaison des moyens ne peut que contribuer à leur démantèlement ainsi qu'à l'identification des réseaux de soutien. On apprend, également, que des éléments des agents des services secrets algériens et marocains se trouvent à Paris pour recouper leurs informations avec celles de la DST française, et aussi pour élaborer une stratégie de lutte contre ce nouveau fléau transnational.