L'Etat veut se prémunir contre une érosion de ses ressources en matière d'encadrement. Le projet d'ordonnance relative aux incompatibilités et obligations liées à certains emplois et fonctions a été discuté, jeudi à l'APN, au niveau de la commission des affaires juridiques. La loi réglemente en fait le départ du secteur public vers le privé et interdit aux hauts responsables employés d'une façon directe ou indirecte par l'Etat de prendre des participations, même par personnes interposées, dans des entreprises locales et étrangères. Des sanctions pénales de six mois à un an de prison sont prévues. Ceux qui veulent travailler dans le secteur privé doivent rester deux ans sans fonction et sont tenus de déclarer, s'ils trouvent un travail durant les trois années qui suivent leur fin de mission, leur activité. Une manière de lutter contre la corruption qui prend de plus en plus de l'ampleur dans notre pays. D'ailleurs, à ce propos, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, a proposé au gouvernement d'ouvrir des enquêtes sur certains cadres ayant quitté leur fonctions pour créer leurs propres entreprises privées. L'Etat, par ce projet, veut aussi se prémunir contre une érosion de ses ressources en matière d'encadrement notamment après le redéploiement constaté des cadres supérieurs du secteur public vers le secteur privé national ou étranger, en raison des conditions socio-professionnelles qui leur sont offertes. L'entrée en vigueur de cette loi devrait, en outre, interdire à ces fonctionnaires de détenir, en cours d'activité, par eux-mêmes ou par personnes interposées, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, des intérêts auprès d'entreprises ou d'organismes dont ils assurent un contrôle, une surveillance ou avec lesquels ils ont conclu un marché ou émis un avis en vue de la passation d'un marché. Cette ordonnance vise surtout à mettre fin au départ des cadres de Sonatrach vers les compagnies étrangères. La compagnie nationale des hydrocarbures a connu une hémorragie de ses cadres de haut niveau vers les compagnies pétrolières étrangères. Chose qui a poussé la Sonatrach, selon certaines sources, à augmenter considérablement les salaires de ses cadres supérieurs et s'apprête à modifier sa politique salariale. Outre les hydrocarbures, le champ d'application couvre les instances chargées de la régulation de la poste, les télécommunications, les infrastructures hydrauliques, le marché du tabac, l'Agence nationale du patrimoine minier, la Commission de régulation de l'électricité et du gaz, la Commission d'organisation et de contrôle de la Bourse, la Commission bancaire, la Commission de contrôle des assurances et le Conseil de la monnaie et du crédit. Certes, cette loi peut régler le problème de l'érosion des ressources en matière d'encadrement à l'intérieur du pays, mais elle peut aussi avoir des conséquences négatives comme la fuite des cadres à l'étranger. Ce phénomène, dont souffre le pays, peut en fait s'accentuer après l'application de cette loi si l'Etat n'apporte pas les vraies solutions aux raisons qui font fuir ces derniers. L'Etat, a certes dépensé de l'argent pour les former, mais ils sont nombreux à penser que ce n'est pas suffisant pour obliger les compétences à rester dans un secteur public incapable, pour le moment, de répondre favorablement aux doléances de ces fonctionnaires, notamment en matière salariale et dans une administration fortement bureaucratisée.