On est passé, en 1988 jusqu'au début des années 2000, de quelque 12.000 à 65.000 véhicules. Deux mille quatre cent vingt (2420) accidents de la route, durant l'année 2006, étaient dus aux véhicules de transport public, minibus, selon les services du Centre national de prévention routière. Vétusté des véhicules, ennuis mécaniques faisant souvent appel au «système D», non-respect du code de la route et excès de vitesse, voilà tous les ingrédients réunis des catastrophes dont sont victimes les usagers des transports publics. En témoigne l'un des accidents les plus meurtriers de la route, 10 morts et 4 blessés dans la wilaya de Bouira à la suite d'une collision entre un véhicule de transport de voyageurs de type J9 et un camion, en février 2007. Campagnes de prévention routière, sensibilisation, travail de proximité, appels à la prudence...sans résultats probants, les responsables chargés de ce secteur sont dépassés et ne savent plus à quel saint se vouer. Pire, ce sont des résultats contraires à ceux escomptés qui sont obtenus. Les chiffres sont édifiants, effarants, par rapport à l'année 2005, les accidents de la route ont augmenté de 4,21%, faisant plus de 3% de blessés supplémentaires. Quant au nombre de personnes décédées, il s'est accru de 11,02%. M.Naïli Aïssa, commissaire divisionnaire à la Dgsn, a déclaré, hier, sur les ondes de la Chaîne III, «40.885 accidents ont été recensés durant l'année 2006, provoquant 6120 blessés et 4120 tués». Le secteur du transport privé des usagers a été favorisé et mis en place dans le souci de faire face à une priorité: combler le déficit en véhicules de transport. C'est ainsi qu'on est passé, en 1988 jusqu'au début des années 2000, de quelque 12.000 à 65.000 véhicules. Cette initiative, aussi louable soit-elle, s'est faite au profit de la quantité, mais au détriment de la qualité. Les citoyens grondent et ont du mal à contenir leur colère, car la prestation de service est loin de répondre à leurs attentes légitimes et dénoncent ce manque de considération qui leur est dû. Myriam, une habituée de la ligne Bouzaréah-El Biar, s'en offusque: «Les receveurs portent des tenues indécentes, maillots de corps, claquettes, bandant leurs muscles, fumant à l'intérieur même du véhicule qui n'obéit à aucune règle d'hygiène. Les véhicules sont vétustes, sans aucun confort et ne possèdent pas d'amortisseurs, c'est un enfer que de voyager dans de pareilles conditions.» Mais outre les conditions de voyage plutôt pénibles que subissent les usagers, ils sont aussi obligés de faire face aux désagréments d'une certaine manière de conduite des véhicules par de jeunes chauffeurs dont la mission est de réaliser le plus grand nombre de rotations. Et l'on assiste alors au non-respect du code de la route, des arrêts fictifs naissent pour la circonstance afin de ramener le plus grand nombre de voyageurs, à la volée quelquefois, sans observer aucune règle de prudence. Sur les 6000 véhicules verbalisés en janvier 2007, 3,80% d'entre eux sont des véhicules de transport, nous fait savoir M.Naïli, qui lance un appel qui en dit long sur les difficultés rencontrées sur le terrain par les acteurs, censés prendre en charge cet épineux problème. «Les services de sécurité font appel aux citoyens pour les seconder dans la sensibilisation et la dénonciation des comportements douteux des transporteurs.» Parmi les solutions préconisées par les pouvoirs publics, figure en bonne place la création d'entreprises de transport, fruit de fusion entre plusieurs transporteurs. Une dizaine vient de voir le jour. En attendant, la nostalgie va vers le secteur public et surtout ses anciens chauffeurs, dotés d'un professionnalisme à toute épreuve.