Près de 66% du produit agricole en fruits et légumes, sont soumis à la spéculation. Les pouvoirs publics semblent prendre note de l'envolée des prix des fruits et légumes enregistrée ces derniers temps. Justement, pour remédier à cette situation, entretenue par des spéculateurs éhontés, le ministère du Commerce a dégagé une enveloppe budgétaire de 12 milliards de dinars pour la réalisation de 50 marchés de gros sur le territoire national. S'exprimant, avant-hier, lors d'une rencontre organisée à Mascara par le bureau de wilaya de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), la directrice de l'organisation des marchés au niveau du ministère du Commerce, Mme Meziani Safia, a annoncé que l'enveloppe budgétaire allouée à cet effet, «s'inscrit dans le cadre des nouvelles dispositions prises par le gouvernement pour mettre un terme aux manoeuvres spéculatives que connaît le secteur des produits agricoles». Aussi, selon la représentante du ministère du Commerce, les cinquante marchés de fruits et légumes seront dotés de toutes les commodités pour remplir convenablement leur mission. Ces structures seront, en sus, régies par un cadre réglementaire qui permettra la régulation et le contrôle pour assurer une gestion conforme aux attentes des commerçants et des citoyens. «Des équipes de surveillance et de contrôle, composées de représentants de la commune, de la wilaya, des services du commerce, de l'agriculture, de la sûreté et des associations de protection du consommateur veilleront au bon fonctionnement de ces marchés», a-t-elle souligné. Dans ce contexte, d'aucuns se rappellent de l'envolée des prix des fruits et légumes enregistrée durant le mois de Ramadhan dernier. L'exemple de la pomme de terre qui se vendait à 90DA est plus qu'édifiant. «Actuellement, près de 66% du produit agricole en fruits et légumes sont soumis à la spéculation et ne sont pas proposés dans les marchés de gros», a ajouté Mme Meziani. Celle-ci a déploré le remplissage outre mesure, des étals de produits ainsi que l'absence de contrôle. Justement, pour parer à ces manquements, la représentante du ministère du Commerce a annoncé qu'une décision allant dans ce sens sera prise prochainement par le ministère de tutelle. Outre le renforcement du contrôle, cette décision permettra, également, d'éradiquer les 473 marchés illicites de gros recensés à travers le territoire national. Il faut savoir qu'un constat du ministère du Commerce a établi que 733 communes disposent de marchés de fruits et légumes. Le bilan révèle, aussi, l'existence de 187 marchés hebdomadaires et 325 sites de vente ne répondant pas aux normes requises. Le problème majeur auquel sont confrontés les agriculteurs algériens est relatif au manque flagrant enregistré de moyens de stockage. L'absence des structures de conservation et de congélation influe négativement sur les capacités de production des fruits et légumes. Saisissant cette opportunité, les amateurs de la spéculation achètent aux agriculteurs la marchandise presque à un prix symbolique. Disposant de moyens sophistiqués de conservation, ces spéculateurs retiennent les produits agricoles jusqu'à provoquer la pénurie pour qu'ensuite, ils commencent à les mettre sur le marché en «goutte à goutte». C'est, en effet, là où le bât blesse et c'est à ce niveau que le ministère du Commerce et celui de l'Agriculture sont appelés à intervenir si on veut arrêter la saignée du consommateur.