Depuis le 1er mars, les titulaires du téléphone fixe, qui ont appelé vers un mobile, ont payé, sans le savoir, pas moins de 9 dinars la minute, en hors taxe. Le ministère des Postes et Télécommunications n'a assurément pas jugé utile d'informer sa clientèle de cette hausse «délétère» des prix, suffisamment à l'avance pour lui permettre de prendre ses dispositions. Ce n'est qu'hier que l'administration des P et T a rendu public un communiqué de presse dans lequel elle annonce qu'«à partir du 1er mars 2002, les appels téléphoniques nationaux du réseau fixe vers les réseaux mobiles GSM (mobiles et Djezzy) seront facturés à neuf dinars (HT) par minute». C'est dire que, désormais, les quelques «bons payeurs» débourseront environ 11 dinars la minute s'ils appellent vers un portable et tant pis pour tous ceux qui ont passé des heures durant collés à leur combiné sans se douter aucunement de ce malheureux changement de tarif. Il semble également que ce «rééquilibrage des tarifs des services de télécommunications du réseau fixe» comme se plaît à l'appeler l'administration des P et T, aura des répercussions néfastes sur tout le marché du GSM. En effet, depuis quelque temps, les abonnés Djezzy venaient se plaindre auprès de l'opérateur égyptien et s'inquiétaient du prix excessif que payent leurs correspondants du réseau fixe. «Les gens se plaignent parce que leurs correspondants, appelant d'un réseau fixe, n'osent plus les rappeler après constatation du prix de l'unité», nous a déclaré, récemment, un agent de vente Djezzy. Cette décision répond, apparemment, au principe de non-discrimination entre l'opérateur historique et l'opérateur privé, mais pénalise, d'une part, très sévèrement et les abonnés du réseau fixe et ceux du réseau mobile. D'autre part, c'est bien tout le marché de la téléphonie mobile qui en sera fortement affecté. Des tarifs élevés dissuaderont, à coup sûr, nombre de personnes désireuses de se procurer un mobile. Djezzy risquerait bien de ne point atteindre ses prévisions de ventes. De même, les 500.000 lignes qu'Algérie Telecoms tarde, pour des raisons obscures, à mettre sur le marché risqueraient également de ne pas trouver preneur! Outre, ces «petits» désagréments commerciaux, c'est la colère des abonnés qu'il faut justement appréhender lorsque, finalement, on procédera, comme l'a annoncé le ministre des P et T lors du dernier Conseil de gouvernement, au rééquilibrage des tarifs relatifs aux services de télécommunications fixes. Des rééquilibrages «aboutiront, selon lui, à une augmentation des tarifs des communications internes» puisque, a-t-il encore ajouté, les tarifs en cours, jusqu'à présent, ont été déterminés «de façon administrative sur une base politico-sociale, ce qui les maintenait artificiellement bas». Sur une base politicosociale ou pas, les tarifs demeurent, pour la majorité des abonnés, trop élevés par rapport au niveau de vie actuel. Que les tarifs soient maintenus artificiellement bas «n'est plus envisageable», comme l'a si bien dit le ministre, il n'en reste pas moins que pour les abonnés, ce qui «n'est plus envisageable» est bien cette tendance des administrations à vouloir tout aligner, selon ce qui est en vigueur, «dans la sphère géo-économique de notre pays» sans toutefois penser à aligner les revenus mensuels des citoyens aux salaires en vigueur dans la même «sphère géo-économique». A ce train, on croirait presque que les promesses de chute de prix relatives à l'ouverture économique ne sont finalement que chimères.