Le chef de la diplomatie algérienne est allé faire connaître, sinon réitérer les positions de l'Algérie sur diverses questions. Mohammed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, a diagnostiqué, hier, sa tournée à New York, siège des Nations unies et, ensuite, à Washington où il a eu, vendredi, un tête-à-tête avec la secrétaire d'Etat américaine, Condoleezza Rice. Le chef de la diplomatie algérienne est allé faire connaître, sinon réitérer les positions de l'Algérie sur des questions régionales et internationales. L'accent est mis aussi sur la nécessité de donner un coup d'accélérateur aux rapports algéro-américains: économiques, politiques et militaires. Pour lui, on le sait, les contingents étrangers n'ont pas de place sur le sol algérien. Première mise au point décochée afin de couper court à des spéculations qui n'ont que trop duré, ayant trait à l'installation d'une base militaire US en Algérie. En revanche, une alliance se précise à l'horizon autour de l'idée d'accorder les violons dans le cadre d'un commandement unifié des Etats-Unis en Afrique, mais pas en Algérie. Clair, net et précis. Le ministre a insisté sur l'importance de cette coopération militaire, notamment pour la lutte contre le terrorisme et la formation des officiers. Précisions: l'Algérie n'est nullement repliée sur elle-même. Notre pays «développe, et continuera à développer et à approfondir autant qu'il le faudra sa coopération militaire et sécuritaire avec les Etats-Unis et tout autre pays qui pourrait contribuer à mettre en échec le terrorisme». Economiquement parlant, les 15 milliards de dollars d'échanges commerciaux font des USA le premier client de l'Algérie. Cette «dynamique nouvelle» exclut un investissement direct US hors hydrocarbures qui, bon gré, mal gré, demeure incontestablement le maillon faible de la chaîne. Le volume des investissements américains en Algérie, excepté le domaine des hydrocarbures, reste encore insignifiant. Contradiction: les responsables américains qui ne cessent de louer dans les salons algériens l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste se font, néanmoins, piéger par des réticences d'investissement d'ordre sécuritaire. Par ailleurs, Mohamed Bedjaoui se dit convaincu que «nos relations évoluent dans le bon sens au bénéfice de nos deux pays, de nos deux peuples et de nos deux économies, même s'il reste des lacunes à combler pour donner toute la mesure au développement de nos potentialités d'échange». Le ministre avance sur sa lancée que l'Algérie «est un partenaire sérieux» pour les Etats-Unis, «un partenaire qui devient de plus en plus important». Le chef de la diplomatie algérienne n'a pas manqué, samedi, depuis Washington, de répliquer derechef au plan marocain dit «d'autonomie pour le Sahara occidental». «La communauté internationale a le devoir d'assumer ses responsabilités historiques en appuyant la légalité internationale quant à la mise en place du principe d'autodétermination du peuple sahraoui». Le ministre qui, il est utile de le souligner, a mené un véritable travail de fourmi autour de cette question, annonça, samedi soir, qu'un appel est lancé à l'adresse des différents membres du Conseil de sécurité. Celui-ci est lié à la responsabilité historique qui pourrait être la leur s'ils venaient à sortir de la légalité internationale en avalisant le projet «d'autonomie interne» que propose Rabat. Echo favorable! Mohamed Bedjaoui a précisé que ses interlocuteurs sont «aussi conscients qu'il ne peut être question, malgré les pressions, de faire dévier l'ONU dangereusement vers une impasse», se disant «convaincu que la communauté internationale doit réagir à cette attente trop longue» du peuple sahraoui. Condoleezza Rice, attendue bientôt à Alger, a manifesté la «volonté de voir se dessiner une solution qui rétablisse la stabilité dans la région». C'est déjà un pas en avant, en attendant une position américaine nettement claire par rapport à la question sahraouie.