Avant ce match et celui du Cap-Vert, il faudra régler le problème des indemnités de stage. L'équipe d'Algérie de football est face à son destin. Sa victoire de samedi soir contre son homologue du Cap-Vert la place dans une position favorable en vue de la qualification à la phase finale de la CAN-2008, mais il est utile de ne pas se précipiter pour croire que c'est acquis. Il reste trois journées à disputer dans le groupe 8 et le voyage pour le Ghana est loin d'être assuré pour les Verts d'autant que sur les trois rencontres qu'ils doivent encore disputer, deux auront lieu chez l'adversaire, au Cap-Vert et en Gambie. Le seul match qui se jouera en Algérie sera le rendez-vous du 15 juin contre la Guinée et, à notre avis, c'est cette confrontation qui déterminera celui qui bénéficiera du billet qualificatif pour le Ghana. Elle est même plus importante que la prochaine sortie des Verts dans cette compétition, celle du 2 juin qui les verra se déplacer au Cap-Vert. Aujourd'hui, l'équipe d'Algérie est première de son groupe avec une avance de trois points sur celle de Guinée. Cette dernière a frappé un grand coup dimanche dernier en allant s'imposer en Gambie (2-0). Le Sily national qui ne comptait qu'un seul point au classement général, s'est, soudainement, propulsé dans le sillage de la sélection algérienne. Il ressort de ce scénario que la qualification directe à la phase finale se jouera entre ces deux équipes. Par directe, on entend la prise de la première place du groupe, la seconde étant aléatoire puisque seuls les trois meilleurs deuxièmes de onze groupes de qualification iront au Ghana. Pourquoi onze? Tout simplement, parce que le 12e ne compte que trois équipes et qu'il n'y aura que le premier qui aura droit de participer à la phase finale. Cependant, avec sept points en trois rencontres, l'équipe d'Algérie est bien partie pour s'intégrer dans le groupe des trois meilleurs deuxièmes. Toutefois, dans une quête de logique, c'est bien la première place du groupe que viseront les Verts et le match contre les Guinéens sera suivi avec une extrême attention. Même une victoire au Cap-Vert pourrait ne pas être déterminante pour les Algériens car il nous semble peu probable que, chez lui, le Sily national fasse cadeau de points aux Gambiens. Et si jamais l'équipe d'Algérie venait, après une éventuelle défaite au Cap-Vert, à être rejointe à la première place par la Guinée, la confrontation du 15 juin entre ces deux équipes n'en sera que plus importante. D'ailleurs, pour la rencontre du 2 juin à Praia face à l'équipe du Cap-Vert, il se pourrait que l'entraîneur de l'équipe d'Algérie, Jean Michel Cavalli, se passe des services de quelques-uns de ses titulaires comme Belhadj et Mansouri, qui en sont à deux avertissements et qui, en cas d'un troisième face au Cap-Vert, seraient privés du match capital contre la Guinée. Cependant, d'ici là, le problème des indemnités de stage des joueurs devra être réglé. Il est sûr que l'équipe du Cap-Vert par son organisation et la valeur de certains de ses joueurs a contribué à rendre la tâche difficile aux Verts samedi soir, mais on peut être certain que ce qui s'était passé en fin de semaine dernière avec l'affaire Cherad a influé sur le rendement de l'équipe d'Algérie. On ne s'en rend, peut- être, pas compte, en raison d'un manque d'informations, le fait est que le regroupement qui a eu lieu à l'hôtel Hilton s'est déroulé dans des conditions particulières pour ne pas dire des conditions exécrables sur le plan de la concentration. Quand on se met à parler d'argent, ce à quoi on veut arriver et pour lequel on a été regroupé, tombe à l'eau. Qu'on le veuille ou non, Cherad a provoqué un remue-ménage dont on se serait bien passé puisqu'à cause de lui la séance d'entraînement de jeudi soir a été annulée. On imagine le désarroi dans lequel se sont retrouvés Jean Michel Cavalli et son adjoint Mustapha Heddane à ce moment-là, eux qui avaient, certainement, fait de cette séance celle où on allait répéter les variantes de jeu à développer lors du match. Il faut, d'ailleurs, rendre hommage à l'entraîneur national qui s'est impliqué dans le débat pour amener les joueurs à revoir leur prise de position. De son côté, le président de la FAF, Hamid Haddadj, n'avait d'autre choix que celui de faire des promesses, ligoté qu'il était par la réglementation en vigueur qui offre des «miettes» en matière d'indemnités de stage. Mais Haddadj reconnaît que le problème est extrêmement important car donner 90 euros (900.000 centimes) à un joueur professionnel pour 5 jours de stage, c'est verser dans le ridicule. A titre d'exemple, les Tunisiens reçoivent chacun 100 euros par jour lorsqu'ils sont en regroupement en sélection nationale. Ne pouvant être certain d'obtenir gain de cause dans cette affaire, le président de la FAF ne pouvait que jouer sur le registre des primes de matches, en fonction, bien sûr, de sa trésorerie qui se vide à une allure vertigineuse du fait que le MJS ne lui a pas débloqué sa subvention de l'année 2006, laquelle est entrée en exercice clos. C'est ainsi que Hamid Haddadj, lors d'une réunion qu'il a eue samedi soir avec les joueurs, après le match, à l'hôtel Hilton, a fait savoir que la victoire contre le Cap-Vert rapporterait 3000 euros à chaque joueur, qui seront déductibles de la prime de qualification si celle-ci venait à être assurée (cette prime s'élèverait à 25.000 euros par élément alors que dans un premier temps les joueurs avaient exigé 40.000 euros par élément). En cas de succès en juin à Praia, les Verts recevraient, chacun, 4 000 euros et dans ce cas, cette prime et celle du match aller d'Alger ne seraient pas déductibles de la prime de qualification. Hamid Haddadj joue, donc, sur la motivation puisqu'il n'est pas certain d'obtenir une dérogation de la réglementation sur les indemnités de stage. Il faudra, bien, cependant, trouver une issue à une telle situation. C'est bien de dire que l'on joue pour les couleurs et qu'à ce titre on n'a pas le droit de revendiquer de l'argent, on ne connaît pas une seule nation dans le monde qui n'indemnise pas ses joueurs lorsqu'ils viennent en stage en sélection. Il faut savoir ce que l'on veut. Le sport devient le meilleur ambassadeur à l'étranger lorsqu'il est compétitif. Il ne se trouve pas un seul diplomate qui puisse prétendre mieux représenter le pays qu'un sportif. Et ce diplomate ne travaille pas gratuitement. Il s'agit, donc, de faire la part des choses en donnant un peu plus d'importance aux athlètes avant des compétitions et non pas seulement après celles-ci. L'équipe d'Algérie de football qui vise la qualification à la CAN-2008 a besoin de plus de considération.