Hier, le ton était plutôt au scepticisme face à l'avalanche de désistements des chefs d'Etat annonçant leur absence. A Tunis - qui accueille aujourd'hui et demain le sommet arabe - on continue à croire que les choses finiront par rentrer dans l'ordre et que la rencontre annuelle arabe se tiendra sous les meilleures conditions possibles. De fait, profitant de la réception de plusieurs ambassadeurs venus présenter leurs lettres de créance, le président Zine El Abiddine Ben Ali donnait le ton en indiquant : «La Tunisie forme l'espoir que ce sommet contribuera efficacement à relever les défis existants, à accomplir un pas positif dans l'amélioration des conditions du monde arabe et à renforcer la sécurité et la stabilité aux niveaux régional et international». C'est peu de le dire en effet, face aux situations critiques qui sont celles des peuples palestiniens et irakiens soumis aux maltraitances des forces d'occupation israélienne et américano-britannique. Tout reste, toutefois, lié à l'importance de la présence de dirigeants arabes, cela à l'aune des défections déjà annoncées, dont celle du président en exercice du sommet arabe, le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa, et du prince héritier saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz. Il est évident que les absences de souverains et de chefs d'Etat arabes aura un impact négatif sur la portée des conclusions auxquelles parviendra le sommet arabe dont l'essentiel des travaux sera axé sur les réformes à entreprendre dans les pays arabes pour réduire, autant que faire se peut, l'écart pénalisant des pays arabes dans les domaines politique, économique et social, où les Arabes enregistrent des retards préoccupants. Les réformes seront donc au centre des débats des souverains et chefs d'Etat arabes qui discuteront, à l'occasion, des libertés collectives et individuelles, de la démocratie et de la bonne gouvernance, du statut de la femme, préalables incontournables à toute réforme qui se voudrait sérieuse et efficace. De fait, les réformes arabes viennent en appoint aux réformes «pour le monde arabe» qu'est le projet américain de «Grand Moyen-Orient» (GMO), lequel projet sera discuté lors du sommet du G8 en juin prochain à Sea Island en Géorgie aux USA. Dans les couloirs du sommet arabe de Tunis, on indique que les propositions de réformes arabes vont dans le sens réclamé par la communauté internationale. De fait, le commissaire de la Ligue arabe, Taher Masri, affirme que «l'objectif du sommet arabe est d'adopter un document sur les réformes politiques, en harmonie avec le document américain qui sera présenté au sommet du G8». Ainsi, selon des indications à Tunis, le sommet arabe allait, pour la première fois, condamner «les attentats palestiniens contre les civils israéliens» en contrepartie, «d'une modification par Washington de son document sur les réformes dans les pays arabes». Selon M.Masri : «Il s'agit de tracer la politique du futur, même si la région est actuellement en état d'ébullition. Le message étant que la violence n'engendre que la violence et qu'il est temps de faire preuve de modération.» Une «modération», ou un troc qui se ferait sur le dos de la cause palestinienne? Toutefois, à Tunis, aucune indication précise n'a été donnée sur la teneur des documents qui vont être examinés aujourd'hui et demain par les souverains et chefs d'Etat arabes. Responsables arabes dont nombre d'entre eux ont annoncé leur absence de Tunis, marquant en réalité le peu d'intérêt qu'ils fondent sur des réformes que tous les observateurs, y compris arabes, estiment aujourd'hui incontournables. Notons que le chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika, se trouve depuis hier à Tunis où il prendra part aux assises du sommet arabe ordinaire.