«Le mot grève n'existe pas chez nous». C'est avec ces propos que s'est exprimé, hier, au forum d'El Moudjahid, le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelaziz M'heni, sur la question de la production laitière. Le président a écarté l'idée de la grève des producteurs privés du lait mais a exigé que la prise en charge de l'Etat aide ces derniers en assurant la différence entre le prix de vente et le prix de revient d'un sachet de lait. Intervenant à cette rencontre, le président de la Fédération des agroalimentaires, Abdelouahab Ziani, a précisé, pour sa part, que le prix de vente du lait, sortie usine, réel et actuel, est de 41,97 DA donc la subvention s'élèverait à 18,62 DA par litre. Les industriels laitiers privés ont dénoncé, par ailleurs, leur marginalisation par le gouvernement qui a décidé, selon eux, d'aider le producteur Giplait et d'ignorer les investisseurs nationaux privés. Rappelons que le gouvernement avait annoncé, récemment, l'octroi d'une subvention de 6 milliards de dinars à la filière lait. «Pourquoi donner de l'argent à Giplait et pas au privé, pourtant le privé alimente le Trésor public?», se sont interrogés certains industriels privés qui étaient présents à cette rencontre. M.Ziani a tenu à préciser que les 78 unités privées assurent 70% de la production nationale en lait. Il a annoncé que les chaînes de mise en sachet de lait pasteurisé de 70 unités sont à l'arrêt. Ces unités continuent, en revanche, la fabrication des produits dérivés. Une solution pour ne pas mettre à la porte, selon les deux invités, les 6000 employés. Les industriels laitiers privés produisent, selon les chiffres avancés par M.Ziani, 3 millions de litres par jour qui correspondent à 330 tonnes de poudre de lait/jour. Leur besoin mensuel est de 10.000 tonnes de poudre de lait et 120.000 tonnes par an. Les deux invités du forum ne semblent pas, en outre, convaincus des dernières décisions du gouvernement concernant la subvention et la création d'un Office national du lait. «Nous avons appris cela par le biais de la presse. Nous n'avons jamais été convoqués dans ce sens», dira M.Ziani. «Il faut nous réunir autour d'une table pour discuter de tous ces problèmes. Nous ne demandons qu'a être impliqués dans les décisions», lancera, de son côté, M.M'heni. Ce dernier a contesté, également, les chiffres avancés concernant la production laitière, la collecte du lait et le nombre de vaches laitières. Les pouvoirs publics ont annoncé une production annuelle de 2 milliards de litres, une collecte de 400.000 litres et l'existence d'un million de vaches laitières. «La réalité est tout autre sur le terrain», ajoutera le président de la Cipa. Pour lui, le problème qui se pose réside en l'absence d'un recensement des éleveurs qui travaillent avec des équipements obsolètes. La principale solution retenue par la Cipa pour faire face à cette situation est la libéralisation du prix du lait. Elle suggère, également, dans l'hypothèse du maintien du prix et afin de compenser les pertes subies par les entreprises, la suppression de la taxe sur l'activité professionnelle de 2% sur les chiffres d'affaires en lait et dérivés pasteurisés en sachet. Les représentants proposent, notamment, la suppression de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 17% sur le Lben et Raïb conditionnés en sachet.