La décision finale de la cour d'Alger sera connue, le 4 avril prochain. Assez sévère a été, pour le moins qu'on puisse dire, le réquisitoire du procureur près la cour d'Alger qui s'est prononcé hier dans le cadre du procès en appel intenté par le Guide libyen, Maâmmar El Gueddafi, contre le quotidien arabophone Ech-Chourouk pour le motif de diffamation. Le procureur a, ainsi, requis une suspension pour une période d'une année du quotidien Ech-chourouk. En sus, le représentant du ministère public a opté pour l'aggravation des peines prononcées en première instance. De ce fait, le directeur du journal, M.Ali Fodil et la journaliste Naïla Berrahal, auteur des deux articles incriminés, risquent désormais une peine d'une année de prison ferme assortie d'une peine de 500.000 dinars pour chacun des deux mis en cause. La décision finale de la cour d'Alger au sujet de ce procès inédit, ayant fait couler beaucoup d'encre, sera connue, quant à elle, le 4 avril prochain. En première instance, le journal arabophone avait été condamné, rappelle-t-on, par le tribunal d'Hussein Dey (Alger) à deux mois de suspension, tandis que son directeur, Ali Fodil, et la journaliste Naïla Berrahal étaient condamnés chacun à 6 mois de prison ferme et 20.000DA d'amende. L'appel étant suspensif de la peine prononcée en première instance, et ce procès unique dans son genre a été d'abord programmé pour la date du 14 février dernier au niveau de la cour d'Alger, et ce, avant qu'il ne soit reporté pour hier. Un renvoi décidé pour les besoins de rectification des mesures relatives à l'identité de la journaliste mise en cause. Hier, la salle qui abritait cette audience était archicomble. Journalistes et citoyens solidaires du quotidien Ech-Chourouk étaient présents à ce procès qui concernait, de leur propre avis, l'intégrité territoriale de l'Algérie. En effet, les faits reprochés au quotidien Ech-Chourouk ont trait à deux articles de presse parus en août dernier traitant de la réaction hostile des Touareg algériens de Tamanrasset et des environs au projet initié par la direction politique de la Jamahiria de créer un Etat sahélien à cheval entre trois pays de la région, à savoir l'Algérie, le Mali et le Niger. Un projet évoqué à Tombouctou (Mali) lors de la cérémonie de célébration du Mawlid Ennabaoui (naissance du Prophète Qsssl), par M.Maâmar El Gueddafi, lui-même, qui a appelé à l'unité des Touareg de tous les pays. Les deux articles en question ont été jugés diffamatoires par la direction politique libyenne qui n'a pas hésité à déposer plainte par le biais de son représentant à Alger. Cette affaire a suscité moult réactions, notamment dans le cercle des partis politiques algériens à l'exemple du FLN, du RND et du PT qui ont exprimé leur solidarité en faveur du journal incriminé. De telles répercussions politico-médiatiques n'ont pas manqué d'influer sur l'opinion publique nationale qui, elle aussi, s'est montrée solidaire du journal Ech-Chourouk, son directeur et la journaliste, objet de la plainte. En sus, notons que la tenue de ce procès, hier au tribunal d' Alger, a été une occasion pour l'organisation Reporters sans frontières (RSF) de renouveler sa demande de «dépénalisation des délits de presse» en Algérie en dénonçant la «disproportion» entre la peine prononcée en première instance et les faits. Dans le même ordre d'idées, l'avocat Berghel, mandaté par le quotidien Ech-Chourouk a, lui aussi, avait dénoncé «un procès politique et un jugement politique», estimant que «cette condamnation était excessive et démesurée».