Le dispositif antiterroriste vigipirate, actuellement au niveau «rouge», comprend, notamment des patrouilles militaires dans les grandes gares, aéroports et sites touristiques. Le ministre de l'Intérieur français, François Baroin, a annoncé, jeudi, des «mesures de renforcement» de la sécurité durant la campagne pour la présidentielle en expliquant qu'il fallait rester «extraordinairement vigilant» face à la menace terroriste. Selon lui, la France est «sous la menace d'un certain nombre d'organisations fondamentalistes et il nous faut être extraordinairement vigilants». «J'ai annoncé des mesures de renforcement» pour le bon déroulement de la campagne, a-t-il dit à la presse, précisant que le dispositif serait renforcé «auprès des permanences (électorales)» et autour de «l'organisation des meetings». M.Baroin a rencontré à huis clos les vingt préfets du sud-ouest de la France. «Je demande à chaque préfet d'être très attentif à la qualité de l'organisation (...) pour permettre à chaque candidat et à chaque candidate de développer leurs arguments en toute sécurité», a-t-il déclaré. Il a expliqué qu'il était venu rappeler aux préfets le dispositif antiterroriste vigipirate, actuellement au niveau «rouge», troisième degré d'alerte d'une échelle en comportant quatre, et comprenant, notamment des patrouilles militaires dans les grandes gares, aéroports et sites touristiques. La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête après des menaces d'attentat visant le candidat de droite Nicolas Sarkozy, qui devait tenir un meeting jeudi à Lyon (centre-est), et dont la sécurité a été renforcée, a indiqué jeudi une source policière. Deux e-mails ont été adressés, cette semaine, à un employé d'une télévision et un responsable du parti socialiste indiquant: «Attentat Sarkozy, Lyon, 5 avril 2007». Fin février, M.Sarkozy avait appelé les Français à une «vigilance de tous les instants». Il y a quelques jours, M.Baroin avait rappelé la nécessité d'une vigilance accrue faisant allusion, notamment,aux attentats du 11 mars 2004 à Madrid (191 morts), survenus juste avant les élections législatives. Le juge antiterroriste français, Jean-Louis Bruguière évoque le Gspc comme un «sujet de préoccupation majeur». Selon lui, un «arc islamiste radical» s'est mis en place dans les pays du Maghreb, sous l'égide de l'ex-Gspc algérien, et menace directement la France. Il disait, récemment, «l'appellation Al Qaîda au Maghreb (choisie par le Gspc depuis le 11 septembre 2006), cela veut dire quoi? Cela souligne l'allégeance à Al Qaîda et cela traduit la volonté affichée d'une régionalisation de l'organisation. C'est quelque chose sans précédent». «C'est notre sujet de préoccupation majeur et il est clair que cela constitue une menace directe pour la France» a-t-il ajouté. «La France est l'objectif prioritaire. Il faut s'adapter, comme nous l'avons toujours fait, à ce nouveau type de menace». «Tous les ingrédients sont réunis: l'ex-Gspc a vocation à prendre en compte l'ensemble des mouvements radicaux du Maghreb: le Gicl lybien, le Gicm marocain, le Gict tunisien. On a un arc islamiste, avec des projets également dans le sud, le Sahel». «L'incident de Casablanca» (au cours duquel un jeune islamiste s'est fait sauter dimanche dans un cybercafé) est le signe d'une opération qui aurait dû avoir lieu ailleurs. «C'est l'élément émergé d'une situation beaucoup plus sérieuse, qui ne concerne pas uniquement le Maroc», a ajouté le juge. «Sur le plan opérationnel, nous savons depuis début 2004 qu'il y a des connexions opérationnelles entre ces mouvements, des hommes qui passent d'un pays à l'autre. Tout cela est piloté par l'ex-Gspc». Le premier tour de l'élection présidentielle française se tiendra le 22 avril et le deuxième le 6 mai. Pour les services de renseignements français, la première menace pour la France est constituée par le Gspc, qui a pris, en janvier 2007, l'appellation «Al Qaîda au Maghreb», mais on ne sait pas si cette menace est réelle, et évaluée à sa juste mesure, ou amplifiée pour des raisons électorales évidentes, dans le but de faire en France un remake «à la Bush» en conditionnant l'électorat.