Réaction n Au-delà de la vague d'indignation et de consternation qu'ils ont suscitée dans les quatre coins du monde, les attentats à la voiture piégée perpétrés, hier, à Alger ont créé un véritable vent de panique en Europe. C'est en France et en Espagne particulièrement que l'onde de choc a été le plus perceptible. Déjà troublés par la spectaculaire mort de trois kamikazes avant-hier, à Casablanca, au Maroc, les Français et les Espagnols n'ont pas tardé à exprimer leurs inquiétudes de voir Al-Qaïda, qui a revendiqué les attaques qui ont ciblé le Palais du gouvernement et des postes de police, s'attaquer de nouveau à leurs pays respectifs. Ainsi, le ministre français de l'Intérieur, François Baroin, a indiqué que la France «est sous la menace d'actes terroristes (…) L'actualité récente montre qu'il faut être d'une extrême vigilance. La France est sous une menace réelle, variée, plurielle». «Il faut être vigilant en tous temps, en tous lieux, en toutes circonstances et sur l'ensemble du territoire», a-t-il ajouté, non sans rassurer les Français qui s'apprêtent à élire leur nouveau président en signalant que des mesures ont été prises pour assurer le bon déroulement de la campagne électorale. Une surveillance particulière est assurée autour des permanences des partis et lors des meetings politiques, dira-t-il à ce sujet, tout en rappelant que le plan Vigipirate se trouvait toujours au niveau de vigilance rouge. Dans le même ordre d'idées, le magistrat antiterroriste Jean-Louis Bruguière a souligné le «risque potentiel existant en France qui reste, par ailleurs, une cible privilégiée des groupes terroristes du Maghreb» qui se trouve actuellement dans un «phénomène de turbulence terroriste importante». Selon lui, les groupes terroristes du Maghreb étaient liés à des «filières en Europe qui agissent en partenariat opérationnel avec les radicaux sunnites irakiens en drainant et en canalisant ces flux (de combattants potentiels) venant d'Europe avec le danger de retours possibles vers l'Europe et la France». En Espagne, c'est le juge d'instruction Baltasar Garzon qui a tiré la sonnette d'alarme en indiquant que son pays «fait face à un grand risque de subir un nouvel attentat islamiste». Selon lui, les deux enclaves espagnoles en territoire marocain, Ceuta et Melilla, font partie des cibles prioritaires. Les inquiétudes des Français et des Espagnols s'expliquent, selon les observateurs, par la proximité de leurs pays respectifs de l'Algérie et du Maroc et par la présence d'une forte communauté maghrébine sur leurs sols.