La surpopulation des lieux de détention ne favorise pas l'application des réformes. La formation professionnelle en vue d'une réinsertion des détenus dans la vie publique, les commodités et moyens de travail modernes dans les établissements pénitentiaires, la révision du système d'archivage judiciaire, l'adoption de la numérisation...sont autant d'éléments d'importance abordés par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, lors de sa visite d'inspection effectuée samedi dans la wilaya de Boumerdès. Outre l'annonce de la réalisation de 13 centres de rééducation, d'une capacité globale de 19.000 individus, afin d'atténuer la tension enregistrée due à une surpopulation des sujets dans ces établissements, Belaïz a précisé qu'un programme d'urgence a été inscrit dans ce sens, pour sa concrétisation en 2007/2008 et mettre un terme à ce «point noir». Il ajoutera que 81 autres établissements seront réalisés au titre du programme quinquennal, pour la modernisation du secteur. Cet apport viendra renforcer les 127 établissements existants dont la majorité date d'avant 1962. Le système pénitentiaire en Algérie tire, dans sa majeure partie, sa source dans la législation coloniale qui imposait un régime répressif à l'encontre de la population carcérale. Ce régime s'est caractérisé par la mise en place de systèmes de détention très rigides tels que le bagne ou la déportation. Une ordonnance, datant de février 1972, édicte la première réforme du droit pénitentiaire, en particulier la rééducation, point focal aujourd'hui de la politique algérienne dans le domaine. Les pouvoirs publics veulent privilégier la rééducation et la réinsertion qui s'inscrivent dans le cadre de la réforme de la justice initiée en février 2005 et portant sur la réinsertion sociale des détenus. Selon un ancien rapport établi par le Comité international de la Croix-Rouge, dont des représentants ont effectué une visite entre le 10 octobre et le 17 novembre 1999 en Algérie, la situation du milieu carcéral a connu beaucoup de «défaillances». Après avoir visité une quinzaine de prisons dans différentes régions du pays, les délégués ont noté les efforts consentis et avaient trouvé les conditions matérielles générales satisfaisantes. Cet organe avait, cependant, relevé déjà, à l'époque, la surpopulation des lieux de détention, empêchant la mise en oeuvre d'une politique pénitentiaire de réadaptation. Un autre rapport, réalisé par la commission nationale pour la réforme de la justice, dénonce «le surpeuplement, l'inadéquation de certains établissements à cause de leur état vétuste et le manque de psychologues, d'éducateurs et d'assistantes sociales.» Le droit en prison renferme un domaine très large. Il concerne autant les missions du personnel pénitentiaire, l'organisation des établissements pénitentiaires que les droits et les conditions de détention. Actuellement, la prison a pour rôle d'assurer de bonnes conditions de détention par le traitement des détenus en garantissant l'exercice de leurs droits en milieu carcéral qui est souvent qualifié à tort un lieu de «non-droit». «Le but de la peine n'étant pas de faire souffrir l'homme mais de protéger la société» avait écrit au XVIIIe siècle le marquis milanais, Césare Baccaria.