Sous quel angle faut-il percevoir son message au sujet de la démocratie? Le chef du groupe parlementaire du MSP a été, hier, l'invité de l'émission «En toute franchise» de la Chaîne III, lors de laquelle il est revenu sur l'échéance du 17 mai qui pointe à l'horizon. Parlant de l'enjeu de ces législatives, M.Mokri dira qu'«il s'agit de la démocratie et de celui de l'économie nationale car la finalité de la gouvernance est le développement du pays». Un discours moderne collé à la réalité de l'Algérie de 2007 qui tranche avec la rhétorique des partis islamistes des années quatre-vingt-dix. Sinon sous quel angle faut-il percevoir son message au sujet de la démocratie qu'il dit être «une invention humaine géniale». Pourtant les islamistes algériens ont de tout temps clamé que la démocratie est «kofr!» ou «haram!» le MSP a-t-il mué en force démocratique en se débarrassant de sa «chourocratie», terme cher au défunt Mahfoud Nahnah pour épouser le slogan de la modernité occidentale, la démocratie? En somme, M.Mokri dit ceci: «La démocratie est un outil qui permet une bonne gouvernance et implique l'alternance au pouvoir qui donne lieu à l'émergence du génie algérien.» Discours de circonstance ou pas, le MSP vient bousculer ses adversaires politiques dans leur fief. Il fustige même ses partenaires politiques dans l'Alliance présidentielle, le FLN et le RND qu'il accuse de non-respect du pacte signé dans «la bande à trois» pour paraphraser une plume acérée. «Nous avons, dit-il, signé un pacte pour l'Alliance qui n'a pas été honoré par les autres partis...» Revenant sur la participation du MSP à l'APN qui termine son mandat dans quelques semaines, Mokri relève qu'avec seulement 38 députés, son parti a fourni un travail colossal dans l'élaboration des lois au bénéfice des citoyens. Là, il omet de signaler que le MSP a été complice de la promulgation de la loi sur les hydrocarbures qui a été votée par l'Assemblée nationale avant d'être abrogée sur décision du président de la République qui a reconnu qu'il s'agissait d'une erreur. Commentant l'attitude de son parti qui joue à l'équilibriste en posant un pied dans le gouvernement et l'autre dans l'opposition, le représentant du MSP reconnaîtra sans détours qu'«il y a, certes un sentiment de gêne, mais il faut voir, dit-il, les circonstances qui nous ont amenés à cette position politique qui a suscité un grand débat au sein des structures du parti». Les arguments qu'il développe pour défendre ce choix sont imparables: «L'Algérie était en péril». Abordant la place laissée à la gente féminine dans les listes du MSP, le numéro 2 du parti islamiste admet la présence de deux tendances au MSP. Il fallait ou bien décider des quotas accordés aux femmes pour les encourager ou alors laisser le soin à la base pour trancher à propos des candidatures. La seconde hypothèse de travail a été retenue, ce qui a permis de porter 19 femmes dans les listes du MSP. Au sujet de la fraude qui empoisonne la vie à certaines forces politiques tout en faisant le bonheur des autres, le MSP est catégorique, les partis politiques n'arrivent pas à trouver la parade pour bloquer «la fraude intelligente», comme cette astuce qui permet à une personne de voter plusieurs fois.