L'heure est à l'attente; les militants du vieux parti cherchent des explications qui tardent à venir. Le délai d'étude des recours arrive à son terme demain après-midi. Dès lors, les listes de candidatures seront définitivement closes. Les électeurs sauront qui représente qui et dans quelle liste. Mais l'opinion publique aura compris que les vieux réflexes sont encore là, immuables, principalement, chez le parti du FLN qui est censé servir de locomotive à une classe politique déglinguée et, en second lieu, au RND qui tire sa réjouissance des erreurs du premier. Tous ceux qui croyaient au changement en ont eu pour leur compte. Les militants des partis affiliés au pouvoir savent qu'un travail de longue haleine les attend. Il faut qu'ils s'y mettent dès à présent. Dans l'immédiat, les conséquences générées par le choix des têtes de listes ont été néfastes pour l'image de marque de ces partis. Les militants sont sortis abasourdis par l'épreuve. Ils n'ont eu que silence et mépris en guise de réponse à leurs protestations. Mais que faire maintenant que les jeux sont faits? L'esprit partisan devrait logiquement prédominer. Il est vrai que des déclarations excessives ont été entendues, que certaines kasmas du FLN ou bureaux communaux, pour le cas du RND, ont annoncé leur refus de faire campagne. Certains responsables politiques ont fait état de leur volonté de pallier les militants en recourant aux «comités de soutien»; chose inouïe en soi qui révèle la nature des rapports entre les militants de la base et les quartiers généraux des partis. La campagne électorale débute le 25 avril. Les partis autant que les indépendants auront besoin de gens pour convaincre les électeurs. Les militants représentent la courroie de transmission qui véhicule les idées des partis. Lorsqu'un parti dit vouloir sauter au-dessus de la volonté des militants qui font le parti, on se met dans une atmosphère surréaliste. Un parti ne vaut que par ses militants. Quand les militants sont massivement mécontents, il faut chercher à comprendre les raisons de ce mécontentement, tout en apportant progressivement les corrections qui s'imposent. De leur côté, les militants savent que leur démission d'une campagne jouable en tout point de vue offre un cadeau à leurs concurrents. En pareille situation, un militant aguerri vit un dilemme atroce. Il boude la direction qui l'a en quelque sorte «trahi», mais ne veut en aucune manière donner des cadeaux gratuits à ses adversaires patentés. Mais lorsque la direction de ce militant choisit la fuite en avant comme si de rien n'était, il y a un soupçon de rupture dans l'air. Pour éloigner le spectre d'une rupture inévitable, la direction doit présenter des explications claires et courageuses aux militants déçus. Elle doit leur dire la vérité en face. Car il est évident que, sans le concours des militants dans une campagne qui s'annonce impitoyable, le parti risque d'y laisser des plumes dans le combat final, parce qu'il aura perdu son énergie avant même d'entrer dans le ring. Le cas du FLN est des plus inquiétants. Ne voilà-t-il pas un parti qui avait toutes les chances de remporter la victoire mais qui a péché en sous-estimant la riposte de ses militants. L'ampleur du mécontentement marque un tournant dans la vie du parti. Désormais, il y aura un avant et un après-législatives.