Des dizaines, voire des centaines de personnes affluaient sans cesse au niveau de cet hôpital. L'ambiance qui régnait, hier, au niveau du CHU Mustapha d'Alger évoquait, de prime abord, les années de braise où l'Algérie était en proie à l'hydre terroriste. Ces moments de mort et de désolation que l'on croyait à jamais révolus refont surface et les sicaires du Gspc-Al Qaîda décident de replonger, de nouveau, le pays dans un décor apocalyptique. Et c'était exactement ce genre de décor qu'offrait, durant toute la journée d'hier, l'hôpital Mustapha, quelques minutes à peine après le double attentat perpétré à Alger. En effet, dès que la nouvelle de ces deux actes meurtriers s'est répandue telle une traînée de poudre dans toute la capitale, des dizaines, voire des centaines de personnes affluaient sans cesse au niveau de cet hôpital pour s'enquérir des nouvelles de leur proches, collègues et amis blessés. Hélas, il n'y a pas que des personnes blessées. Il y avait aussi des morts, et les premiers signalés étaient au nombre de trois qui, dit-on ont succombé à leur blessures quelques instants après leur transfert. A cet instant-là, Djamel Ould Abbès, ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale fait son apparition. Il arrivait à peine à se frayer un chemin parmi des centaines de citoyens qui l'observaient sans souffler mot mais dont le visage témoignait d'une grande tristesse, voire d'une peur terrible. A chaque fois qu'une ambulance arrivait à se garer devant l'entrée des services des urgences, tous les présents avaient, en effet, la peur au ventre. Ils paraissaient poser tous la même question: «Et si c'était un de mes proches...». Et puis tous se bousculent et cherchent à se rapprocher le plus possible de l'ambulance, qui venait de stationner, pour reconnaître les siens. Ainsi, un mouvement de désordre se créa aussitôt et les éléments chargés de la sécurité à l'intérieur du CHU Mustapha avaient du mal à maintenir toute cette population. «Reculez, reculez SVP et laissez le personnel faire son travail (...) la liste des blessés et des décédés sera affichée ultérieurement», clamait-on parmi le personnel des blouses blanches. Et parmi les personnes blessées, il y avait aussi des enfants en bas âge, ceux de la crèche Esplanade de l'Afrique, sise non loin du Palais du gouvernement, atteints par les bris de verre des vitres qui ont été soufflées juste après la forte déflagration. Parmi les blessés, dont le plus grand nombre a été acheminé vers l'hôpital Mustapha, l'on comptait de nombreux éléments de la Protection civile ainsi que des policiers. Le nombre de morts qui était de trois juste après l'attentat passa à treize aux environs de midi avant d'atteindre les 23 à partir de 15h. Le nombre de personnes blessées que l'hôpital Mustapha avait reçues au courant de la journée d'hier avoisine la centaine de l'avis du directeur général de cette infrastructure, M.Dahar Yahia. Un élément de la Protection civile qui se trouvait devant le Palais du gouvernent quelques secondes seulement après l'attentat révèle que pas moins de neuf personnes ont péri juste après l'explosion. Une révélation amère qui fait craindre le pire.