Le pays est mis «en alerte maximum» en vue du renouvellement des Parlements régionaux et l'élection de 36 gouverneurs. Les Nigérians vont, à partir d'aujourd'hui, vivre une longue semaine consacrée aux élections générales -législatives régionales, renouvellement des 36 gouverneurs des Etats de la Fédération, ce jour, présidentielle et législatives, au plan fédéral, le 21 avril- marquée par la recrudescence de la violence. Notons que M.Obasanjo, dont le deuxième mandat vient à terme, ne se représente pas, conformément à la loi fondamentale nigériane. 61,5 millions de Nigérians sont appelés aux urnes, aujourd'hui, dans un climat quelque peu détérioré par la violence qui sévit dans le pays en lien direct avec ces élections, qui représentent pour le Nigeria un enjeu important dans l'objectif de consolider la démocratie qui reste très fragile dans le pays le plus peuplé d'Afrique (140 millions d'habitants) qui a été marqué par des décennies de violence et de prise de pouvoir par la force. Pour le scrutin d'aujourd'hui, cinquante partis politiques ont officiellement été enregistrés pour cette grande semaine électorale qui s'achèvera le 21 avril avec l'élection présidentielle et celle du Parlement fédéral. La Commission électorale nationale indépendante (Inec) a installé 120.000 bureaux de vote à travers le pays. Le vote est à bulletin secret. En fait, le scrutin d'aujourd'hui est un test grandeur nature pour un pays qui tente de faire du bulletin de vote, la seule alternative de pouvoir. L'expérience démocratique entamée au Nigeria depuis huit ans, même si elle n'a pas toujours été concluante avec des couacs ici et là, n'en a pas moins ouvert de véritables perspectives au pluralisme et à la démocratie en dépit du fait que les positions du parti au pouvoir demeurent prépondérantes. Le Parti démocratique du peuple (PDP) contrôle 28 des 36 Etats de la fédération, mais son objectif est, et reste, de reprendre Lagos, aux mains de l'opposition depuis 1999 car, la mégapole et ancienne capitale du pays demeure la clé du pouvoir au Nigeria au plan politique et économique. Ce scrutin, outre de confirmer la nouvelle donne démocratique, est placé sous le signe de la lutte contre la corruption qui fait des ravages dans les cercles politiques nigérians, largement corrompus, selon des tenants du pouvoir eux-mêmes. Pour prévenir l'élection de candidats douteux, l'Inec n'a retenu que des «candidats crédibles issus des 50 partis politiques enregistrés», assure son porte-parole, Olusegun Adeogun. Dans ce contexte, il a été indiqué de même source que l'Inec a écarté nombre de politiciens soupçonnés de corruption et «n'hésitera pas à disqualifier un candidat à la dernière minute si nécessaire» si cela s'avère nécessaire pour la loyauté du scrutin, affirme-t-il encore. Selon l'opposition, toutefois, cette commission indépendante «ne pourchasse que les adversaires politiques du président sortant», Olusegun Obasanjo. En tout état de cause, ce dernier doit encore parer au plus pressé, veiller à assurer la sécurité du scrutin et de la population Dans ce contexte, des mesures draconiennes ont ainsi été prises depuis près d'un mois. Depuis, le 16 mars, en effet, les services de sécurité ont été mis en état d' «alerte maximum» afin de prévenir toute tentative de déstabilisation lors des élections, indique un porte-parole du gouvernement fédéral. Comme pour confirmer cette crainte des autorités, une bombe a explosé, jeudi, au siège de campagne du gouverneur de l'Etat nigérian d'Ondo où l'actuel titulaire, M.Agagu, élu en 2003, espère conserver son poste. La bombe a détruit une partie du bâtiment sans faire de victimes, a indiqué, hier, la police. A ce propos, plus de 100 personnes sont mortes depuis novembre au Nigeria dans des violences liées aux élections, selon l'organisation non gouvernementale américaine, Human Rights Watch. «Je promets aux Nigérians que le gouvernement fédéral va traquer sans relâche et sanctionner vigoureusement toute forme de violence et tout acte visant à perturber l'élection», a déclaré, hier, le président Obasanjo à la radio et à la télévision. «La commission électorale indépendante (Inec) a pris toutes les dispositions afin de publier les résultats vérifiés. Tout organisme tiers qui publiera de faux résultats pour désinformer la population sera fermement sanctionné», a-t-il encore dit. M.Obasanjo a également assuré dans une déclaration faite la semaine dernière, que le gouvernement fédéral «prenait très au sérieux sa tâche» pour que le climat soit tranquille et propice au bon déroulement des élections. «Notre administration reste résolument engagée pour assurer une transition calme et ordonnée le 29 mai de cette année et nous avons accordé tout le soutien nécessaire, pour cela, à la Commission électorale nationale indépendante nigériane (Inec), à la police nigériane et aux autres organismes de sécurité» a ainsi affirmé le président sortant. Avec ce quadruple scrutin des samedis 14 et 21 avril, le Nigeria joue une carte importante de son avenir immédiat.