«Jugez-nous après le match, nous assumerons nos responsabilités», lance-t-il. Le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem a réuni jeudi les candidats têtes de listes à Alger en vue de leur donner les dernières directives avant le coup d'envoi de la campagne électorale. Il n'était plus question de logistique que de discours de campagne. Le parti a remis un chèque de 25 millions de centimes à chaque candidat tête de liste en guise de frais de campagne. Certains vous diront que cette somme ne couvre que les boissons qu'on servira durant la grande kermesse, pendant que les mauvaises langues pensent que les têtes de listes ont été choisies justement pour pallier cette lacune. «On ne prête qu'aux riches», dit-ton. Il est admis que le parti ne peut payer toute la facture de la campagne. Il ne peut que prendre en charge les affiches, s'il n'a pas déjà passé un deal avec un imprimeur pour le faire à moindre frais. Il donne ainsi le feu vert aux candidats pour réunir les fonds afin de mieux gérer la campagne. En plus des locaux du parti, dont certains restent fermés, en raison des divergences entre militants, les candidats doivent ouvrir des bureaux de campagne dans les principales artères des villes et dans les quartiers populaires. La rencontre de jeudi a permis donc de situer le rôle et la contribution de chacun dans la logistique. L'autre aspect concerne le discours de campagne. Belkhadem a tenté de faire le pédagogue. Il a fait son cours magistral. D'emblée, il leur dit: «Jugez-nous après le match; nous assumerons nos responsabilités.» Il s'adresse plutôt aux journalistes. «Il n'y a pas de crise au FLN. Que ceux qui croyaient voir le parti tiraillé par une crise intestine à cause des listes dorment tranquilles», poursuit-il avec un large sourire, «le mécontentement est naturel en pareille circonstance; mais une fois que la colère s'estompe tout revient à l'ordre et chacun ira contribuer à la réussite de la campagne parce que le militant met l'intérêt du parti au-dessus de tout». Ainsi parlait Belkhadem. «Nous étions les sélectionneurs d'une équipe. Cette équipe va gagner le match. De grâce, laissez-nous jouer le match.» Il ne veut pas d'un arbitrage partial. «Nous sommes contre le truquage des élections pour ou contre le FLN. Nous voulons une compétition transparente.» Des applaudissements ont retenti dans la salle, donnant du stimulant à l'orateur qui paraissait avoir dépassé la difficile épreuve des listes. Le plus dur est passé. Le reste n'est qu'un jeu d'enfant pour le FLN. Il n'est pas à sa première campagne. Belkhadem croit dur comme fer que la majorité est la portée de la main. Il le dit. Loin de l'hôtel Ryadh, le candidat d'Alger, Abdelaziz Ziari, enfonce Soltani. Il déclare sur les ondes de la radio Chaîne 3 que le MSP a fait «la demande de quota» puisqu'il envisage de réaliser un score de 30%. Mais le FLN convoite la première place, alors que le RND veut se placer en seconde position. Mais 51+ 30+ 31 donnent plus de 100. C'est dire que les calculs auxquels s'adonnent les QG des partis de l'Alliance donnent le tournis. Leurs pronostics vont au-delà de ce que peut contenir l'hémicycle. Que restera-t-il aux autres partis? Et aux indépendants? La campagne électorale débute cette semaine. Elle sera marquée par une lutte inédite entre les frères ennemis de l'Alliance. Chacun tentera de focaliser et de mettre en relief les lacunes de l'autre. Une fois dans la mêlée, tous les coups seront permis. Mais Belkhadem avertit les siens: «Nous voulons une campagne propre.» Pourra-t-il l'imposer aux comités de soutien, aux militants, aux animateurs de campagne qui auront les nerfs à fleur de peau dès que le tocsin aura retenti?