Le vote d'aujourd'hui dévoilera, ce soir, les noms des deux heureux élus bénéficiant du ticket de la finale. Enfin, le jour J pour les Français. Ils sont au total 44,5 millions d'électeurs à se rendre aujourd'hui aux urnes pour exprimer leur choix. Parmi eux, environ 1,8 million de nouveaux inscrits qui franchiront pour la première fois les bureaux de vote. Leur nombre a augmenté cette année de 4,2% par rapport à 2006 (lors du référendum européen). Cette hausse est, en effet, la plus importante depuis 1981, où elle avait atteint 3,7%. Pour rappel, les trois consultations qui ont eu lieu pendant la période 1988-2002, ont révélé que le nombre d'électeurs a timidement progressé (1,9% en 1988, 2,1% en 1995 et 2,3% en 2002). Au menu: douze candidats de tous les horizons politiques. Ce soir, ils ne seront plus que deux à concourir pour la finale. Lesquels? La question tracasse tout le monde, en particulier les prétendants. Pour eux, ce sera la journée la plus longue. Même si les grands candidats (UMP, PS, UDF, FN) monopolisent les sondages depuis deux mois, néanmoins tout peut encore changer ce soir. Le 21 avril 2002 est encore frais dans la mémoire des Français. Ces derniers auront l'embarras du choix, mais l'exercice est plus difficile que qu'il n'y paraît. La ressemblance du discours politique adopté par les prétendants à l'Elysée, complique davantage la donne. Preuve en est, l'électorat n'a jamais été aussi volatil qu'aujourd'hui. Selon les sondages, sur les 44 millions d'électeurs, plus de dix millions se déclarent indécis. Cela explique justement l'enjeu, voire le poids de cette présidentielle. Comme il démontre la profondeur du fossé qui sépare le système politique de la population. Déçus par l'échec des responsables politiques, les Français ont du mal à se réconcilier avec le système en place. Ce désarroi s'exprime par le taux d'abstention qui ne cesse d'augmenter ces dernières années. Malgré la forte mobilisation de la classe politique et les appels multipliés au vote utile, l'abstention n'est pas écartée de la donne d'aujourd'hui. D'après le sondage du CSA, le taux d'abstention serait de 21% au 1er tour et de 24% au second. S'il est vrai que ces sondages restent à vérifier, il n'en demeure pas moins que certains électeurs réserveront leurs voix pour le second tour qui aura lieu le 6 mai prochain. Cette élection présidentielle s'avère être un événement historique. Contrairement aux consultations précédentes, celle-ci demeure unique en son genre. La spécificité se traduit par l'apparition de nouveaux ingrédients qui modifient les règles du jeu. Ce 22 avril 2007, la France connaîtra la première élection présidentielle de l'après-De Gaulle. La particularité de cette élection est le fait que les prétendants à l'Elysée sont la plupart issus de la nouvelle génération. De l'UMP au PS en passant par l'UDF, aucun des candidats n'a vécu les premiers instants de la Ve République. Cette nouvelle génération incarnera-t-elle la rupture avec le système politique actuel? Certes, la passation de pouvoir entre Jacques Chirac et son successeur marquera un grand changement. Cependant, dans la pratique, cela ne signifie pas nécessairement la fin d'un régime et le passage à une VIe République. La nouveauté cette année est le vote électronique. Près de 1,5 million d'électeurs effectueront leur devoir via les machines électroniques. Remis en marche en 2003, ce système sera appliqué à travers 82 municipalités. Sa mise en place a entraîné une vive polémique au sujet de la fraude. A l'exception de l'UMP, tous les partis politiques ont rejeté ce mode de vote pour la simple raison que les trucages sont invérifiables. Longtemps marginalisées, les banlieues deviennent un enjeu capital de l'évènement politique. Jamais, les jeunes des banlieues n'ont manifesté un tel intérêt à la vie politique. La prise de conscience a sonné comme un réveil pour faire barrage aux idées extrémistes. Cela s'illustre par un record du nombre d'inscrits, en région parisienne (+9,61%), suivie de la Seine-Saint-Denis (+8,51%). Ce dernier a été le département le plus abstentionniste jusqu'à présent. Désormais, les jeunes des banlieues dont la plupart issus de pays étrangers, veulent faire entendre leurs voix. Parmi ces Français d'origine africaine, on estime que 60% à 70% sont issus du Maghreb et le reste d'Afrique subsaharienne (30% à 40%). Ils représentent au total un peu plus de 2 millions d'électeurs. Un chiffre non négligeable pour les candidats au palais de l'Elysée puisqu'il représente 4% à 5% du corps électoral français (l'équivalent du vote paysan). Par ailleurs, il y a lieu de signaler qu'à l'étranger, le coup d'envoi a été donné hier. En raison du décalage horaire avec la métropole, dans les collectivités d'Outre-mer (Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Pierre et Miquelon, Polynésie française) et dans les ambassades et établissements consulaires du continent américain, quelque 882.000 électeurs ont exprimé leurs voix hier. Enfin, y aura-t-il une surprise comme celle de 2002? Une chose est sûre, la réponse à cette question sera connue dans quelques heures et mettra fin au suspense des Français.