Les inquiétudes des services ibériques ne reposent sur aucune preuve tangible. Après les attentats d'Alger et ceux de Casablanca, au Maroc, les pays de la rive nord de la Méditerranée se montrent, de plus en plus, inquiets quant à l'évolution de la situation sécuritaire dans la région. En ce sens, les services secrets espagnols ont fait part à leur gouvernement de leurs inquiétudes sur l'activité d'Al Qaîda en Espagne et en France, a rapporté hier le quotidien espagnol El Pais. «Ils ont signalé au gouvernement que les kamikazes d'Al Qaîda au Maghreb représentent le risque le plus important pour l'Espagne», indique ce journal. Pour faire face à cette menace, la police espagnole a renforcé sa collaboration avec l'Algérie et augmenté les contrôles maritimes dans le détroit de Gibraltar, selon le quotidien. Toutefois, les inquiétudes des services espagnoles ne reposent sur aucune preuve tangible. Les rapports des services secrets «sont prudents, mais n'écartent aucune possibilité. Ils signalent le risque tout en précisant n'avoir détecté, pour le moment, aucun plan concret de ce mouvement pour perpétrer des attentats en Espagne», précise El Pais. Actuellement, le royaume ibérique a accentué les mesures de sécurité. D'autant plus que ce pays renferme un bon nombre d'activistes islamistes. Rappelons, dans ce sens, que la semaine dernière, Madrid a rejeté tout alarmisme en affirmant que trois ans après les attentats du 11 mars 2004 à Madrid, ayant fait 191 morts, l'Exécutif n'avait «jamais baissé la garde devant le terrorisme islamiste» et qu'il s'agissait d'«une priorité absolue». Dans les pays du Maghreb, il est plus que jamais temps d'unir leur force. La sonnette d'alarme a été tirée, notamment après que Al Qaîda eut annoncé la création de sa «filiale» dans la région. En ce sens, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a de cesse d'appeler les pays du Maghreb à consolider leurs efforts. Mais pour certains experts, «cette coopération sécuritaire maroco-algérienne souffre de la pomme de discorde» que représente le Sahara occidental. Des unités mixtes patrouillent dans les zones frontalières depuis les attaques de groupes terroristes, activant en Algérie, en territoire tunisien et les deux pays coordonnent la surveillance de leur frontière terrestre longue de plus d'un millier de kilomètres. Ces deux dernières années, l'Algérie a livré des dizaines de jeunes Tunisiens partis s'entraîner dans des maquis du Gspc et, en janvier, la Tunisie a annoncé, après des accrochages sanglants près de Tunis, avoir démantelé une cellule terroriste dont les membres -cinq Tunisiens et un Mauritanien- s'étaient infiltrés depuis l'Algérie. Entre le Maroc et la Libye, la coopération s'est renforcée depuis un an au même titre que celle qui existe entre les polices marocaine et mauritanienne, a confié un haut responsable marocain. Ainsi, en avril, cinq Mauritaniens et un Marocain arrêtés fin mars à Nouakchott, ont été inculpés pour participation à des activités liées au terrorisme.