Le PT ose même placer 16 femmes têtes de listes pour montrer qu'il ne s'agit pas d'un discours creux, opportuniste ou démagogique. Le PT innove. Il se lance dans la bataille électorale du 17 mai avec une armée de militants, 380 candidats répartis sur l'ensemble des listes à travers le territoire national, dont 147 femmes. Soit une performance inédite en matière de moeurs et de pragmatisme politiques en Algérie. Mieux encore, le Parti des travailleurs casse un tabou social longtemps entretenu par des usages politiques confortables pour la classe politique en charge des affaires du pays. Seuls quelques strapontins ont été octroyés à des ministres femmes tout au long du jeune parcours de la nation algérienne à l'ère de l'Indépendance. Le PT ose même placer 16 femmes têtes de listes pour montrer qu'il ne s'agit pas d'un discours creux, opportuniste ou démagogique. Elles sont médecins, enseignantes, cadres d'entreprise, syndicalistes ou issues du mouvement associatif. Elle sont au premier rang. On les retrouve têtes de listes aussi bien dans l'Algérie profonde comme c'est le cas des villes comme Tindouf, Aïn Defla, El Bayadh, Ghardaïa, que dans les grandes villes à l'instar de Blida, Constantine (Farida Boulehbal), Alger (Louisa Hanoune), Mostaganem, Skikda, Tlemcen, Béjaïa (Mokrani Fazia)... Une performance politique jamais égalée. Un pari fou? Plutôt des convictions inébranlables nées au sein de la direction du parti sur la nécessité de faire participer un pan entier de la société à la vie politique nationale en l'impliquant directement dans la bataille politique. Le profil de ces candidates appelées à se lancer dans la course électorale est diversifié avec une constante bien respectée: elles sont toutes militantes dans les rangs du parti et d'un niveau universitaire. Un parti qui a pour premier responsable une femme ne pouvait tourner le dos à une telle alternative qui est, avant tout, le résultat de l'évolution du statut de la femme dans le pays. La politique ne pouvait échapper à l'«envahissement» de la gent féminine dans tous les secteurs d'activité. Le PT n'a, en réalité, fait que concrétiser une certaine réalité sociale dans sa stratégie politique qui vise ni plus, ni moins, qu'à prendre le pouvoir et gouverner. Et fermer la porte, comme l'a soutenu Louisa Hanoune, à toute ingérence étrangère qui, sous prétexte de défendre la cause féminine, pénètre politiquement les sociétés en construction. L'autre particularité des listes du PT réside dans la jeunesse des effectifs sélectionnés. Plus de 50% des candidats du PT, soit quelque 180 postulants ont moins de 40 ans. Certains des membres de son comité central sont en quête de leur second mandat alors qu'ils entament à peine la quarantaine, comme c'est le cas de MM.Labchri et Tazibt qui se comptent parmi les chevilles ouvrières du parti. D'ailleurs, la direction du parti a décidé de reconduire l'ensemble de ses députés pour postuler à un second mandat. Pour M.Labchri, il s'agit «d'un souci de continuité de l'oeuvre entamée par l'ancien groupe parlementaire car il n'est pas raisonnable de ne pas profiter de l'expérience acquise par ces militants qui ont prouvé leur compétence et efficacité au sein de l'APN». Exception faite pour quelques anciens militants, deux ou trois, qui ont décidé de se concentrer sur le travail au sein des structures du parti comme c'est le cas de la figure de proue du PT, M.Arfoutni. Un bel exemple d'engagement et de discipline dans l'intérêt du parti. Ce qui nous fait changer de l'ambiance acide des luttes pour une place dans la liste électorale, comme c'est le cas dans certains partis. Pour ce qui est du profil des candidats, les Algériens, qui iront voter, savent déjà que le PT puise ses représentants dans les milieux ouvrier et syndical. Les autres cadres sont imbibés de l'idéologie de gauche et du pouvoir des masses à changer le cours de l'histoire comme c'est le cas de l'Algérie qui se trouve, aujour-d'hui, à la croisée des chemins. C'est d'ailleurs ce qui fait la popularité du Parti des travailleurs. Et c'est peut-être là que réside le moteur de cette formation politique qui commence à prendre des proportions d'un parti prêt à prendre les rênes du pays ou, du moins, rivaliser avec les forces traditionnelles. Si, bien sûr, le peuple adhère à la démarche du changement et donne son quitus. Le PT sera sans aucun doute l'attraction des prochaines joutes électorales. Le FLN, favori de la course, est sommé de faire attention au couloir à sa gauche. Au lieu de focaliser son attention sur ses partenaires de l'Alliance qui ont déjà jeté l'éponge.