Si on se fie au parcours de son secrétaire général, on remarque que le Rassemblement national démocratique connaît bien les arcanes du pouvoir. Y a-t-il un partage des rôles entre les trois partenaires de l'Alliance présidentielle? En tout cas, si M. Belkhadem est le côté jardin de cette alliance, on peut dire que M.Ouyahia en est le côté cour, l'autre face de la médaille. Le RND, que d'aucuns au moment de sa naissance, avaient qualifié de bébé avec des moustaches, a eu tout le temps de mûrir, au fil des temps, ayant aujourd'hui engrangé plus d'une décennie d'existence. C'est-à-dire que comme tout bébé, il a eu le temps d'apprendre à marcher avant d'adopter la station debout. Et que le temps des bacchantes est peut-être arrivé. Néanmoins, comme tout être qui grandit et se développe, il a eu à traverser des crises et puis arrive le moment où ces crises sont derrière lui. Aujourd'hui, droit dans ses souliers, est-il prêt à assumer des responsabilités, voire les plus hautes fonctions? Toujours est-il que si on se fie au parcours de son secrétaire général, on remarque que le Rassemblement national démocratique connaît bien les arcanes du pouvoir, dans ses différents dédales. L'hégémonie au Parlement, dans ses deux chambres basse et haute, il connaît également, ayant été majoritaire à l'APN et au Conseil de la nation, ainsi que dans les APC, surtout dans les moments les plus difficiles pour lui, au beau milieu des années de feu. C'est sans doute ce qui lui donne à la fois son assise et l'amène à nourrir des ambitions. D'où les joutes, et pourquoi pas les surenchères auxquelles on assiste ces derniers temps; et qui sont sûrement de bonne guerre, chaque formation assurant qu'elle décrochera la timbale. On a toujours parlé du FLN et du RND comme de deux frères jumeaux. Son alter ego. L'absence du FLN des allées du pouvoir pendant une époque et sa cure d'opposition ont été mises à profit par le RND pour prendre les leviers, mais dès aujourd'hui, le coude à coude est une autre étape qui justifie une cohabitation tout autant qu'une émulation. A l'aune de la compétition électorale, la connaissance du système autant que l'implantation régionale sont des atouts dont les deux acteurs peuvent, également, se prévaloir, mais plus que cela, il y a, également, la résistance du coureur de fond, en partant de cette certitude que perdre une bataille, même électorale, ne signifie pas perdre la guerre, surtout électorale, et que ni l'un ni l'autre, ne pourra crier victoire. Sauf pour un moment. Car, à chaque nouvelle échéance, la course reprend et il faut remettre les compteurs à zéro. Il y a un côté impersonnel, rigide, imperturbable dans l'exercice du pouvoir, donnant des commis de l'Etat à l'aise aussi bien dans le diocèse quotidien que dans des projections à long terme, et M.Ouyahia répond parfaitement à ce profil. Ses passages successifs aux Affaires étrangères, où il a pratiqué le doux langage de la diplomatie qu'à la Présidence, où il avait disposé d'un promontoire d'observation unique sur les affaires de la cité, l'ont préparé à vêtir et l'habit de chef de gouvernement et celui, plus consensuel mais plus manoeuvrier, de chef de parti. Et c'est ce parti qui justement, aujourd'hui, lui sert de vivarium et l'amène sûrement à réviser ses classiques, lui qui n'a cessé, surtout lorsqu'il détenait le portefeuille de la justice, de déclarer: Je suis avant tout un commis de l'Etat. Quelqu'un qui n'attend rien en retour.