Ce rapatriement ne peut se faire au détriment de la souveraineté nationale. L'affaire des 24 Algériens détenus à la base américaine de Cuba semble prendre un raccourci imprévu. Les Américains ont voulu imposer à l'Algérie des mesures et des conditions spéciales pour le rapatriement des détenus algériens. La politique «sur mesure» que veulent les Etats-Unis d'Amérique a heurté de front la souveraineté nationale. L'Algérie ne veut pas de conditions spéciales qui sont, manifestement, synonymes d'une ingérence dans ses affaires internes. Les USA, rappelons-le, avaient mandaté à Alger, le 14 avril dernier, l'ambassadeur itinérant, Clint Williamson, pour négocier le dossier des détenus algériens. L'émissaire spécial US a-t-il échoué dans sa mission? Contacté, hier, par nos soins, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l'homme (Cncppdh), nous a expliqué qu'«en principe le rapatriement ne doit pas être conditionné». Encore moins si les USA ont l'intention d'imposer à l'Algérie des mesures spéciales. «Ces conditions sont contraires au principe lié à la souveraineté nationale», fera savoir aussi Farouk Ksentini. Ce dernier affirme ne pas être au courant de l'évolution du dossier et des conciliabules entre les deux parties. Le Washington Post, un quotidien américain très influent, a rapporté, dans une récente édition, que l'Algérie «ralentit l'opération de rapatriement». C'est une information qui tire sa source, d'après le journal, de l'administration Bush. Lequel prétexte qui ne tient aucunement la route, rapporté par le Washington Post, sonne l'échec, plutôt d'une mission inaccomplie de l'envoyé spécial de l'administration Bush à Alger. Farouk Ksentini, interrogé au sujet d'un éventuel «refus» algérien à la demande de rapatriement, expliqua que le contraire serait plutôt moins surprenant. Car, a-t-il précisé, «l'Algérie n'a pas l'habitude et la tradition d'abandonner ses ressortissants». Mais ce rapatriement ne peut se faire au détriment de la souveraineté nationale. Notre interlocuteur fera savoir que les Etats-Unis d'Amérique auraient demandé «une surveillance et un traitement spéciaux pour les détenus algériens qui seront rapatriés». Les USA veulent-ils délocaliser le Guantanamo et l'implanter en Algérie? Demander un traitement à l'américaine de ces détenus ne doit être qu'un déplacement pur et simple de cette prison de la honte. Il a été question de rapatrier, prochainement, sept détenus algériens, déportés depuis quatre ans à la base américaine de Cuba. Lors de son passage à Alger, Clint Williamson a laissé entendre que «sept Algériens pourraient être extradés vers l'Algérie dans les tout prochains jours». Il a ajouté, toutefois, que cela ne se fera que «si les négociations, actuellement en cours, sont menées à terme». L'odeur d'une incertitude a plané sur l'axe des négociations. Quelques jours plus tard, un grain de sable semble gripper la machine. Le Washington Post avait écrit aussi que six Algériens de nationalité bosniaque, détenus à Guantanamo, pourraient être «extradés» vers l'Algérie. C'est-à-dire que ces détenus algériens de nationalité bosniaque ne seront jamais autorisés à retourner en Bosnie qui leur avait accordé la citoyenneté. Au lieu de cela, le Washington Post a fait savoir que «les USA négociaient avec l'Algérie le rapatriement des prisonniers à condition qu´ils soient mis sous surveillance». C'est la pomme de discorde. Les USA, un pays en total divorce avec les valeurs des droits de l'homme, n'hésitent pas, semble-t-il, à s'ingérer dans les affaires internes des Etats. Cela devient une tradition. Farouk Ksentini, président du mécanisme ad hoc des disparus, a voulu rassurer «qu'une solution raisonnable doit être trouvée, mais qui ne porte pas atteinte à la souveraineté de l'Algérie». A la condition que les USA ferment cette prison de non-droit.