Ils ne seront jamais bénéficiaires si leur implication dans des cas de viols, de massacres et d'explosion de bombes dans des lieux publics, s'avère être confirmée. Sept Algériens sur 25, détenus à la base américaine de Cuba, seront bientôt rapatriés. Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh), contacté, hier, par l'Expression, a confirmé la crédibilité de l'information. Il expliqua que l'émissaire US, dépêché la semaine dernière à Alger, avait pour mission de négocier avec les responsables algériens le dossier des sept algériens qui seront bientôt libérés de Guantanamo. Peu avant notre appel, Farouk Ksentini, de passage sur les ondes de la Radio algérienne, a déclaré qu'il est question, éventuellement, «d'une première vague», en attendant le relâchement de 18 autres détenus algériens. «Ce sont peut-être les cas qui ne sont pas compliqués». Ils sont, en tout, quelques 300 prisonniers algériens à travers le monde, avait annoncé antérieurement, Farouk Ksentini. Ce dernier ne peut voir que du bon oeil, le revirement de l'administration Bush, prise, depuis quelque temps, dans une véritable tornade de pressions internationales. S'agit-il des six Algériens de nationalité bosniaque? A notre question, Farouk Ksentini affirme ne pas être au courant de la liste. Dans une précédente publication du quotidien américain The Washington Post, il a été retenu le fait que les six Algériens de nationalité bosniaque pourraient être extradés vers leur pays d'origine. C'est-à-dire que l'option d'envoyer les six détenus en Bosnie a été déjà exclue. Les six Algériens de nationalité bosniaque, avait écrit le quotidien US, ne seront jamais autorisés à retourner en Bosnie qui leur avait accordé la citoyenneté. Au lieu de cela, «les USA négociaient avec l'Algérie le rapatriement des prisonniers à condition qu´ils soient mis sous surveillance». Interrogé au sujet d'un «refus» algérien à une quelconque action de rapatriement, le président de la Cncppdh expliqua que le contraire serait plutôt moins surprenant. Car, a-t-il ajouté, «l'Algérie n'a pas l'habitude et la tradition d'abandonner ses ressortissants». Les sept détenus algériens qui s'apprêtent à quitter la prison de Guantanamo «peuvent bénéficier des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale», expliqua encore Farouk Ksentini. Mais cela se fera «sous réserves et conditions». Explications: la bénédiction de la «Charte» est conditionnée par le passif des sept détenus. Autrement dit, ils ne seront jamais bénéficiaires si leur implication dans des cas de viols, de massacres et d'explosion de bombes dans des lieux publics s'avère être confirmée. C'est la zone rouge tracée par «la Charte pour la paix et la réconciliation nationale». Les six Algériens de nationalité bosniaque ainsi que les 18 autres qui croupissent encore dans le camp américain, sont accusés d'activité terroriste et de lien avec l'organisation criminelle d'Al Qaîda. «Il est, cependant, légitime que la police algérienne demande des renseignements sur ces personnes et engage des enquêtes à leur sujet». Farouk Ksentini fera savoir que ces détenus ont été «arbitrairement et illégalement» transférés à la prison de Guantanamo. «Ils sont détenus depuis quatre ans, sans aucun jugement», précise-t-il. En Algérie, ces détenus concernés par cet élargissement «n'ont, à ma connaissance, pas été recherchés». Mais, «c'est à la police d'engager des enquêtes spéciales». Le dédommagement des prisonniers est nécessaire, à entendre le président du mécanisme ad hoc des disparus. «C'est un dédommagement qui doit être conséquent vu le dommage causé aux détenus». Farouk Ksentini déclare sur sa lancée que ces actions ne peuvent être que personnelles, tandis que sa commission «peut apporter le soutien nécessaire, mais aussi dénoncer la torture, si les détenus en feront cas». Face aux critiques et à la pression morale internationale, les Américains semblent décidés à fermer les portes de cette prison de la honte, objet de plusieurs condamnations.