L'Algérie estime que le rapatriement de ses détenus ne doit être soumis à aucune condition. La Cour suprême des Etats-Unis se penchera ce mercredi sur l'affaire des détenus de la prison de Guantanamo. L'affaire, qui a fait couler beaucoup d'encre, sera donc remise, et pour la troisième fois, sur la table pour déterminer si la Constitution américaine limite le pouvoir de l'Exécutif sur les prisonniers de la «guerre contre le terrorisme». C'est l'affaire «la plus importante de la décennie», assure le Centre pour les droits constitutionnels, qui coordonne la défense des détenus de la base navale à Cuba, pour la plupart arrivés il y a près de six ans et jamais inculpés. Depuis 2002, les prisonniers demandent à pouvoir contester cette détention illimitée devant un juge indépendant, une procédure charnière du droit anglo-saxon appelée ´´habeas corpus´´. Il faut rappeler dans ce sens, que parmi les 300 détenus de cette prison de «la honte», 17 d'entre eux sont de nationalité algérienne. L'ambassadeur des Etats-Unis en Algérie a indiqué, à plusieurs reprises, que les négociations entre les deux pays battent leur plein. Il y a lieu de souligner que le pays de l'Oncle Sam n'a de cesse d'imposer ses conditions pour la libération des Algériens détenus dans les geôles de Guantanamo, pour implication dans des réseaux terroristes. Ce que l'Algérie écarte du revers de la main, estimant que la libération et le rapatriement de ces détenus ne doivent être soumis à aucune condition. La position de l'Algérie a été réitérée récemment par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, lors de la conférence gouvernement- walis, tenue à la fin octobre dernier. «L'Algérie n'acceptera aucune condition pour le rapatriement des Algériens emprisonnés à Guantanamo», a tranché M.Belaïz. Il convient de rappeler, par ailleurs, que le président George W.Bush a plusieurs fois évoqué son ´´objectif´´ de fermer le centre de détention. Aussi, des dizaines d'organisations de défense des droits de l'Homme, juristes, anciens juges, historiens, militaires, etc. ont déposé des arguments en faveur des détenus. «Pour le monde extérieur, cette affaire se résume à la question simple mais cruciale de savoir si le système de normes légales qui sous-tend la conduite des Etats face aux individus va survivre à la menace terroriste», ont ainsi prévenu 383 parlementaires européens. Si les juges autorisent les détenus à saisir un juge fédéral, ils ouvriront aussi la porte à des recours contre la légalité des nouveaux tribunaux militaires d'exception, invalidés en juin 2006 par la Cour suprême mais réinstaurés à l'automne par le Congrès.