Les volets financier et sécuritaire ont retenu l'attention des participants de la conférence de Charm El Cheikh sur l'Irak Les représentants de cinquante pays, dont le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, étaient présents à la station balnéaire égyptienne dans la perspective d'apporter aide et soutien au peuple et au gouvernement irakiens dans une situation marquée autant par les violences quotidiennes que par les difficultés d'ordre financier et économique auxquelles Baghdad fait face. De fait, la rencontre de Charm El Cheikh était centrée sur deux volets, le sécuritaire, étudié hier, et le financier passé en revue jeudi. Sur ce dernier point un consensus s'est dégagé portant sur l'allègement de la dette irakienne, évaluée à quelque 50 milliards de dollars, d'une part, sur l'aide que la communauté internationale s'est dite prête à apporter à l'Irak, d'autre part. C'est dans ce contexte qu'a été adopté, à l'unanimité, le «Contrat international d'objectifs pour l'Irak (ICI)», projet quinquennal visant à stabiliser le pays sur les plans politique et économique, selon le représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Irak, Achraf Qazi. Celui-ci a indiqué, en effet, que «la résolution pour soutenir l'Irak et le sortir de sa crise a été adoptée par acclamation par tous les participants». «Nous savons que la route est longue et difficile, mais nous savons aussi que le gouvernement irakien, seul, ne sera pas capable d'y parvenir» a encore dit M.Qazi qui a ajouté: «La communauté internationale s'est engagée à soutenir l'Irak dans sa crise». Intervenant à son tour, le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki, tout en se félicitant des décisions prises qui sont, selon lui, «une démonstration mondiale de soutien à l'Irak» a estimé, en revanche, qu'«il n'y a pas de progrès économique sans stabilité sécuritaire. La sécurité et l'économie doivent bénéficier du même intérêt», appelant «tous les pays participants à annuler les dettes de l'Irak». Baghdad a, par ailleurs, posé à ses créanciers l'annulation de sa dette comme préalable à tout investissement. Même les gros créanciers de l'Irak, comme l'Arabie Saoudite, se sont engagés à aider Baghdad, sans pour autant dire s'ils allaient purement et simplement annuler la dette irakienne comme le demande avec insistance l'Irak. Il n'en reste pas moins que sur ce volet Baghdad semble satisfait. Reste, certes, à concrétiser ces engagements sur le terrain. Hier, se sont ouverts les travaux axés sur le deuxième point de la conférence de Charm El Cheikh ayant pour thème la sécurité au moment où la violence continue de faire des ravages parmi la population. C'est, de fait, un point récurrent qui est à l'ordre du jour de toutes les conférences consacrées ces dernières années à l'Irak sans que se dégage une solution à même de permettre au pays de retrouver sa stabilité. La présence à cette conférence des chefs de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem, iranienne, Manouchehr Mottaki et américaine, Condoleezza Rice a donné à cette rencontre une dimension inusitée. De fait, les discussions, jeudi, en tête à tête, de Mme Rice avec M.Mouallem, d'une part, un ‘'aparté'' rapide entre la secrétaire d'Etat américaine et le chef de la diplomatie iranienne, d'autre part, avaient quelque peu éclipsé le sujet du jour, la conférence sur l'Irak. De fait, c'est la première fois qu'un représentant de l'administration Bush prend langue, de façon quasi officielle, avec ceux de pays vitupérés par Bush, comme faisant partie selon le président américain de «l'axe du mal». Certes, la Maison-Blanche a, par la suite, minimisé ces rencontres, mais, c'est toujours le premier pas qui compte. Si Washington veut comprendre la Syrie et l'Iran, il lui faut bien, d'une manière ou d'une autre, leur parler directement. Ceci dit, la conférence sur la sécurité en Irak s'est achevée hier par l'engagement des pays voisins de l'Irak, y compris ceux avec lesquels les relations de l'Irak ne sont pas au mieux, d'aider à la stabilisation du pays selon le communiqué rendu public, hier, à l'issue de la conférence. Les participants «réaffirment (...) l'obligation de tous les Etats de combattre les activités terroristes et empêcher l'utilisation par les terroristes de leur territoire pour fournir, organiser ou lancer des opérations terroristes» indique le communiqué. «Ils réitèrent en particulier, d'autre part, leur appel à empêcher le transit de terroristes et d'armes vers et depuis l'Irak, et soulignent, de nouveau, l'importance de renforcer la coopération entre l'Irak et ses pays voisins pour contrôler leurs frontières communes». Les participants s'engagent, enfin, à respecter «le principe de non-ingérence dans les affaires internes de l'Irak» et condamnent «tous les actes de terrorisme sous toutes ses formes». Auparavant, plaidant pour son pays, le Premier ministre irakien, Nouri Al-Maliki avait affirmé: «Nous ne permettrons pas aux organisations terroristes de considérer que le territoire irakien est un lieu sûr pour elles», ajoutant: «C'est ce qui nous conduit à appeler les pays de la région à empêcher les groupes terroristes d'entrer en Irak et d'obtenir une aide financière ou une attention politique ou médiatique.» «Soutenir le terrorisme ne sera dans l'intérêt d'aucune partie», a encore dit M.Maliki, qui souligne: «Ce que peuvent faire les (pays) frères et amis, c'est nous soutenir de manière impartiale». L'Irak qui reste la proie de violences meurtrières quotidiennes a, plus que jamais, besoin de l'aide que peuvent lui apporter, outre les pays voisins, la communauté internationale plus particulièrement.