Mais à Djelfa, tout est calme, différent, à commencer par les gens qui ont la main sur le coeur. C'est à Djelfa qu'il avait pris son envol. C'étaient les moments forts d'un mouvement de «redressement» en gestation qui cherchait son leader. Belkhadem a pris le train en marche. Il est devenu, en deux temps trois mouvements, «coordinateur» du FLN avant d'atterrir au poste de secrétaire général du plus grand parti d'Algérie. Il est retourné se ressourcer à Djelfa, samedi, à l'occasion de la campagne électorale. Il tient un grand meeting, à la dimension du parti qu'il dirige. «Le FLN est l'artisan de l'Histoire de l'Algérie et l'espoir du peuple»; «le FLN a été hier, le libérateur du pays et est aujourd'hui, l'édificateur d'une Algérie moderne». Par des phrases lourdes de sens, il s'y met à son tour, dans l'exercice de récupération. Il évoque les capacités matérielles dont dispose l'Algérie pour repartir sur des bases saines, pourvu que ses candidats soient élus. La bataille pour la construction des institutions de l'Etat, la Réconciliation nationale qui fut une revendication constante au FLN, etc. Les derniers attentats d'Alger n'ont pas eu d'impact sur la réconciliation en marche. Le responsable du FLN rappelle que dans les années 90, le FLN était «porteur d'un programme ambitieux» qui n'a pu être concrétisé «en raison de la tragédie qu'a vécue le pays», durant laquelle le FLN s'est «distingué par sa position en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale, concrétisée grâce au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, permettant ainsi à l'Algérie de retrouver sa stabilité et sa sécurité». Belkhadem a affirmé, en outre, que les candidats de son parti «sauront être fidèles aux principes et valeurs du FLN, pour l'édification d'une Algérie fière, digne, forte et prospère à laquelle ont aspiré les chouhada». Tout passe par Djelfa. Là, fut le commencement. Belkhadem revient en pèlerin dans la ville dont il ne peut penser que du bien. Elle se situe un peu sur le prolongement de Sougueur où il avait vécu son enfance. Il reste dans la latitude qui lui permet d'avoir une vision claire sur la situation. Il faut dire qu'à Alger, on s'embrouille en raison du flou et de la pression. Il vaut mieux prendre du recul et de l'altitude pour mieux évaluer sa force. A Alger, on entend toutes sortes de sornettes et de rumeurs qui vous empêchent de dormir. Mais à Djelfa, tout est calme, différent, à commencer par les gens qui ont la main sur le coeur. On a tant besoin de cette sérénité pour comprendre certaines choses et certaines gens. Belkhadem est venu prendre un nouvel élan. Il ne s'agit pas de nouveau mouvement de redressement. Contre qui d'ailleurs? Ses détracteurs veulent lui en faire un. Mais il faudra qu'ils passent par la baraka de Djelfa. Sans cela, toute conspiration contre le parti béni sera vouée à l'échec.