Plus de 350 voitures incendiées, 270 personnes interpellées et une trentaine de policiers blessés. Fête à la Concorde, affrontement à la Bastille. Les Français ont fêté différemment l'élection de Nicolas Sarkozy. L'annonce des résultats de l'élection présidentielle était, en effet, une victoire pour certains et un cauchemar pour d'autres. Pendant que les sympathisants de l'UMP se défoulaient sous les rythmes de la musique à la Concorde, les anti- Sarko fêtaient l'événement avec des bombes lacrymogènes à la Bastille. Les premières échauffourées ont éclaté à Paris vers 22 heures. Plus de 5000 manifestants anti-Sarkozy s'étaient re-trouvés sur les lieux pour exprimer leur colère après la défaite de Ségolène Royal. Masqués de foulards noirs, les émeutiers se sont livrés à des tirs croisés avec les agents de l'ordre. Certains lançaient des projectiles alors que d'autres mettaient en feu 35 voitures. L'affrontement a duré jusqu'à une heure du matin. Malgré l'important dispositif déployé, les agents avaient du mal à maîtriser la situation. Craignant ce regain de tension, le ministère de l'Intérieur avait, faut-il le souligner, pris ses précautions en mobilisant 3000 policiers dans la capitale et sa banlieue, théâtre d'émeutes à l'automne 2005. Dans la banlieue, c'était un climat de guerre. A Seine-Saint-Denis et Clichy-sous-Bois, quartiers sensibles, plus d'une cinquantaine de voitures ont été brûlées et des bureaux saccagés. Scènes identiques dans les Yvelines, le Val d'Oise, l'Essonne, la Seine-et-Marne, où quelques véhicules ont été carbonisés. Par ailleurs, dans les grandes villes, plusieurs manifestations ont été organisées. A Marseille et à Bordeaux, en plein centre-ville, les manifestants se sont livrés à des jets de bouteilles et de poubelles sur les gendarmes mobiles. Dans l'Ouest du pays, à Nantes, les policiers ont réussi à disperser les quelque 700 manifestants qui tentaient de s'approcher des locaux de l'UMP. Des heurts se sont également produits à Rennes, Caen et Brest. Comme dans l'Est, à Metz et à Nancy. Ces affrontements ont causé d'importants dégâts. Selon un premier bilan de cette soirée agitée, on déplore plus de 350 voitures incendiées, 270 personnes interpellées et une trentaine de policiers blessés.