Réaction n Des heurts ont suivi hier soir l'annonce de la victoire de Sarkozy à l'élection présidentielle, entre de jeunes manifestants hostiles au nouveau président et la police, tandis que des dizaines de véhicules étaient incendiés. Des échauffourées ont duré environ une heure sur l'une des principales places de Paris, la Place de la Bastille, entre les forces de l'ordre et une partie des quelques milliers de manifestants hostiles à M. Sarkozy qui s'y étaient réunis dans la soirée. De 100 à 300 manifestants d'extrême gauche selon la police, pour certains masqués par des foulards ont jeté des projectiles sur des policiers anti-émeutes. Ces derniers ont répliqué par des tirs de grenades lacrymoghnes, dont les volutes noyaient en partie la place, et de canons à eau, avant d'évacuer totalement la place. Plus de 3 000 policiers avaient été déployés hier dans les banlieues autour de Paris, théâtre d'émeutes en octobre-novembre 2005, et dans la capitale même, dans la crainte de violences, notamment de groupes d'extrême gauche, mécontents du résultat du second tour de la présidentielle. Dans les grandes villes de France, plusieurs milliers de manifestants appartenant essentiellement «à la mouvance anarchiste ou d'extrême gauche», selon la police, ont manifesté aux cris de «Sarko facho, le peuple aura ta peau». Des heurts ont éclaté dans le sud-ouest de la France à Toulouse entre policiers et manifestants d'extrême gauche après une manifestation de quelque 2 500 personnes. D'autres incidents similaires ont eu lieu à Lille (nord) ou du mobilier urbain et des véhicules ont été incendiés, ainsi qu'à Nantes (ouest), Lyon (centre-est), Nancy et Metz (est). A Marseille, les forces de l'ordre ont dispersé à coups de grenades lacrymoghnes quelque 200 à 300 manifestants. En fin de soirée, le chef du Parti socialiste, François Hollande, compagnon de la candidate socialiste Ségolène Royal, a appelé les électeurs de gauche «au calme et à la cohérence». Une association de banlieue, créée après les émeutes qui avaient embrasé des cités défavorisées fin 2005, a appelé les jeunes de ces quartiers à ne pas «répondre par la violence» à l'élection de M. Sarkozy alors que plusieurs dizaines de voitures étaient incendiées dans divers départements frontaliers de Paris, ou une dizaine d'interpellations ont eu lieu. Dans le département de Seine-Saint-Denis, d'où étaient parties les émeutes en 2005, la situation «est relativement calme, équivalente à un samedi soir», a déclaré le préfet Jean-François Cordet. De vingt à trente voitures ont brûlé. De nombreux jeunes de ces quartiers à forte proportion d'habitants d'origine immigrée vouent une vive animosité à M. Sarkozy depuis ses déclarations en 2005 contre la «racaille» des banlieues. En 2005, plus de 10 000 véhicules et des centaines de bâtiments publics avaient été incendiés pendant les émeutes.