Ce sont là les deux grandes décisions, outre celles relatives au refus de l'organisation d'une conférence nationale sur le mouvement que le conclave de Bechloul a entérinée après deux jours de réunion. Bechloul, localité située à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu Bouira, aura eu, le mérite de remettre les pendules à l'heure. «La position immuable des délégués du mouvement, la recrudescence des actes terroristes, les manoeuvres des dialoguistes et des partis politiques, le silence du Président de la République» sont les données qui, avant ce conclave, faisaient craindre le pire. La désignation du lieu de la rencontre avait, rappelons-le, fait couler beaucoup d'encre et sans la sagesse des animateurs de la coordination de wilaya, cette réunion aurait pu ne pas avoir lieu pour, simplement, une histoire de personnes. L'ordre du jour le refus des élections sera le point inscrit en priorité. L'opposition à l'organisation de cette échéance fera l'unanimité. «Le mouvement, qui a mis au jour le mécontentement citoyen national, est arrivé à un stade de maturité pour imposer une mutation radicale. Aucune échéance électorale n'est possible sans la mise en place d'un véritable processus démocratique», pense Chaabane Meziane, coordinateur du comité de Haïzer. Cette position est partagée par les délégués de Béjaïa et de Tizi Ouzou, qui insistent sur l'obligation faite au pouvoir de reconnaître la plate-forme d'El-Kseur. L'autre moment sera consacré à la position à adopter quant à la concertation avec les partis politiques. Pour les auteurs de la proposition, liberté est donnée aux formations soutenant la plate-forme d'El-Kseur, d'apporter des propositions. Là aussi et après un large débat, la suggestion sera rejetée et aucune concertation ne sera engagée avec les partis politiques, même si ceux implantés dans la région, en l'occurrence le FFS et le RCD expriment les mêmes positions que celles prônées par le mouvement citoyen, du moins par rapport aux législatives du 30 mai. L'idée d'une conférence nationale sur le mouvement, objet de discorde jusque-là entre les comités de la coordination de Bouira, est, aussi, rejetée. Pour les actions à entreprendre contre l'organisation des élections, liberté est donnée aux différents comités de choisir et de mettre en oeuvre les moyens au niveau local. C'est ainsi que le CC de Haïzer a pris les devants en animant deux meetings la veille du conclave : mercredi au chef-lieu de daïra et jeudi à Bouira-Ville. Les places des Martyrs, lieux hautement symboliques, ont permis à de nombreuses peronnes venues des villages avoisinants d'assister aux interventions des animateurs qui, à tour de rôle, se succèderont à la tribune pour argumenter la décision de s'opposer à la volonté du pouvoir d'organiser les législatives. «Le vote est certes un droit constitutionnel, libre, un acte citoyen, mais pas dans les conditions actuelles. A quoi peuvent servir les députés dans une République fondée sur la hogra, l'injustice, le déni identitaire, si ce n'est à maintenir les choses en l'état?», dira Djaffar Abdedou. Le pouvoir sera fustigé pour ne pas avoir répondu à la revendication populaire en adoptant la plate-forme d'El-Kseur. «Au lieu d'écouter le peuple, nos responsables tentent de trouver des combines pour perpétuer un système qui ne sert que leurs proches.» Enfin, les élections, selon les animateurs, ne sont pas une priorité et les candidats se verront réserver le même sort que la gendarmerie, c'est-à-dire la mise en quarantaine.