Le MSP accuse ouvertement «les grands partis» de tenir des réunions avec les encadreurs des bureaux de vote pour négocier les «méthodes de fraude». Les partis politiques s'apprêtent à affronter, ce week-end, le dernier virage avant le jour J. La mobilisation est totale au niveau des quartiers généraux. L'enjeu en vaut la chandelle: siéger à la chambre basse pendant cinq longues années. A chaque candidat, ses motivations et à chacun son discours. «En politique, il faut donner ce qu'on n'a pas et promettre ce qu'on ne peut donner» selon le roi de France, Louis XI. Une citation, qui semble être le mot d'ordre des formations politiques durant la campagne des législatives. Le fait le plus marquant, c'est cette tendance chez les futurs parlementaires à confondre pouvoir législatif et exécutif. Dans ce sens, il était difficile, à titre d'exemple, pour les observateurs de faire le distinguo entre M.Abdelaziz Belkhadem, le chef de gouvernement, et le secrétaire général du FLN tant le discours entretenu par ce dernier est confus. «Le programme du FLN s'inspire de celui du président de la République» soutient-il, afin de justifier le chevauchement sciemment ou inconsciemment entretenu dans ses discours. Une manière aussi, pour l'ex-parti unique de s'approprier les «résultats» concrétisés sur le terrain. Au RND, l'on arbore le même slogan en se référant au programme du chef de l'Etat, peut-être, cette fois-ci, pour se démarquer de certaines décisions impopulaires. L'équation est assez difficile à résoudre quand on sait que le programme du chef de l'Etat est, selon une autre déclaration de Belkhadem, conçu dans sa globalité par des experts Flnistes. Quelles sont donc les limites qui séparent les deux programmes du FLN et du RND? Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND a saisi l'importance de cette question et a injecté, afin de faire la différence, une dose de propositions socioéconomiques pour charmer les électeurs, les plus sceptiques. Parmi ces propositions, l'on retiendra, la création d'une nouvelle ligne de crédits sans intérêt, des logements pour les fonctionnaires, l'augmentation de la prime scolaire, la révision de la grille des salaires pour les chercheurs et les cadres et la relance des investissements. Le Pnsd propose une prime de 3000DA pour la femme au foyer, 10.000DA pour le chômeur et 6000DA pour le handicapé. Le MSP estime que les principaux problèmes des Algériens s'articulent autour du chômage, du désespoir, du célibat prolongé, sans oublier le logement, le suicide, sans toutefois en donner les remèdes. Le PT se targue d'avoir été le seul parti a s'être opposé à la loi sur les hydrocarbures, une manière de dire que le parti a presque toujours raison. Malheureusement, aucune des formations en course n'a fait le bilan de la dernière législature. Puisque beaucoup d'Algériens «ont consommé», par expérience ou même par lassitude, le divorce avec la politique, des chefs des partis politiques qui ont pris le risque de réserver de grandes salles, ont décidé de rajouter aux frais liés à leurs déplacements, ceux inhérents au transport de l'assistance. Les équipes de la Télévision, dépêchées pour couvrir l'événement, sont souvent contraintes d'opter pour les zooms et les plans serrés. Cette démobilisation fait craindre un fort taux d'abstention. Le constat est sans équivoque, les Algériens ne croient plus aux promesses politiques. Mais en Algérie, il y a des candidats qui ne promettent rien, introduisant de nouvelles règles en politique, l'art de promettre de ne rien promettre. Cela leur permet de conserver toute leur liberté d'action, défendent-ils. C'est le cas de M.Amar Bouaâcha, d'El Infitah. Rédha Malek, le président de l'Alliance nationale républicaine, tout en brossant un tableau noir sur les politiques adoptées jusqu'ici, tant sur le plan économique que social, appelle les Algériens à voter massivement, parce qu'il pense que, cette fois-ci, les «intentions sont bonnes.» Cette campagne a prouvé la défaillance totale du discours de la classe politique, ce qui n'est point une nouveauté. La surprise, en revanche, est venue du MSP qui accuse ouvertement «les grands partis» de tenir des réunions avec les encadreurs des bureaux de vote pour négocier les «méthodes de fraude». La Commission politique de surveillance des élections a été saisie de l'affaire, selon notre source. Paradoxalement, son premier responsable a déclaré, lundi, à la Télévision nationale, que sa commission n'a reçu «aucune plainte concernant les listes électorales, ni des encadreurs de ces élections, ni autres». Soltani révélera des détails sur cette affaire durant la conférence de presse qu'il tiendra lundi au siège du parti. Mais avant cette date, il sera, vendredi à Alger, pour animer un meeting à la salle Harcha. Le Parti des travailleurs tentera de convaincre, aujourd'hui, les Batnéens. Ouyahia, lui, sera à Bouira, Sétif et Jijel, ce week-end.