Belkhadem s'est souvenu des éléments qui ont donné la majorité au FLN en 2002. «Nous appelons à voter pour les candidats porteurs du projet de réconciliation, à leur tête, le FLN», a déclaré Ahmed Benaïcha, ancien émir de l'Ouest de l'ex-AIS, à L'Expression. Ce dernier considère qu'il faut «couper la voie aux adversaires de la réconciliation, en allant aux urnes», tout en infirmant sa participation à la rencontre qui s'est déroulée entre Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, et des anciens de l'ex-Armée islamique du salut (AIS) à Oued Rhiou (Relizane); réunion à laquelle a pris part l'ancien émir, cheikh Noureddine. La déclaration de Benaïcha va dans le sens du communiqué de Rabah Kebir, appelant à un vote massif, rendu public mardi, et à l'opposé de l'appel au boycott lancé, le même jour, par le chef historique de l'ex-FIS, Abassi Madani, vivant en exil au Qatar. Mais, il apporte plus de précisions dans la mesure où elle donne des consignes de vote claires. Rappelons qu'en 2002, l'ex-AIS avait apporté son soutien au FLN, par le biais d'un appel de Madani Mezrag qui reprenait les mêmes termes utilisés à présent par Benaïcha. Le FLN avait décroché 200 sièges à l'APN, rappelle-t-on. Madani Mezrag avait la ferme intention de se présenter aux législatives en indépendant ou sous les couleurs d'un parti politique. Son choix s'est fixé sur le MNE de Boukhezna. Mais au moment de la confection des listes, ce dernier s'est débiné. Les éléments de l'ex-AIS ont mis la rebuffade sur le compte des «pressions» exercées sur Boukhezna. Prenant leur mal en patience, ils ont décidé de se retirer de la course. Mais, tout compte fait, ils se sont dit qu'ils ne peuvent rester les bras croisés quand leurs adversaires politiques parcourent les rues pour mobiliser les électeurs. Le FLN a subi les foudres de la contestation tout au long d'une campagne harassante, à plusieurs inconnues. Il faut dire que le parcours du combattant de Belkhadem n'a pas été de tout repos. Il espérait s'appuyer sur les «comités de soutien» qui se voulaient être un palliatif à la carence militante qui l'a boudé. Il s'est retrouvé donc coincé, n'arrivant même à remplir les salles. Le premier responsable du FLN a eu ses moments de faiblesse lorsqu'il a fait état de son intention de «remettre le tablier» en cas de débâcle le 17 mai. Le soutien de l'AIS intervient au bon moment. La base islamiste qui a porté l'ex-FIS au contrôle des communes en 1990, puis à l'APN, en 1991, est omniprésente. Elle s'est solidifiée autour des anciens émirs de l'ex-AIS qui, il faut le dire, font un travail social considérable en maintenant intacts leurs rapports avec la population. Les rapports que reçoit le secrétaire général du FLN, sur leur activisme social, ont dû confirmer cette approche et l'ont encouragé à renouer avec eux le fil du dialogue. Après la fuite en avant, en raison du malheur des listes, le FLN semble apprécier les données à leur juste mesure. Belkhadem a cherché, autour de lui, les personnes qui peuvent changer le cours des choses. Et il n'a rien trouvé. D'autres partis ont tenté de négocier avec l'ex-AIS, à l'insu du FLN qui pataugeait dans le cloaque des listes. On retient la déclaration de Soltani qui avait fait un clin d'oeil à ses derniers dans un meeting à l'est d'Alger ou celle d'En Nahda qui en faisait son leitmotiv. L'appel de l'AIS constitue une donne nouvelle dans l'évolution de la campagne en cours. Il donne du tonus à Belkhadem qui est arrivé à l'instant du doute et de l'hésitation.