Un accord interviendrait le mois prochain même si les pourparlers relèvent plus de la chose politique que de la haute finance. La compagnie publique algérienne d'hydrocarbures, Sonatrach, est en discussion avec le groupe énergétique français Suez, en vue d'une éventuelle collaboration, a révélé hier le quotidien belge Le Soir. Nicolas Sarkozy, élu à la présidence française, le dossier d'une éventuelle coopération entre Sonatrach (SH) et Suez est remis sur la table des négociations. Le même journal rapporte dans son édition d'hier, que le président-directeur général de Suez, Gérard Mestrallet, a mandaté des intermédiaires pour approcher la Sonatrach. La même source ajoute que des réunions ont eu lieu à Paris et ont débouché sur la décision de poursuivre les discussions à un niveau de décision supérieur. Le président de la Sonatrach, Mohamed Meziane, a ainsi rencontré son homologue «suézien» en vue d'évoquer de possibles collaborations. Toujours d'après la même source, des groupes de travail communs ont été formés, auxquels participent, notamment le vice-président de la Sonatrach, Chawki Rahal, et le directeur général de la stratégie de Suez, Alain Chaigneau. Sur la table des négociations figurent des contrats d'approvisionnement privilégiés en gaz, des partenariats sur les marchés espagnol, italien et américain ou encore des développements en Algérie (station de dessalement, centrales électriques). Au mois de mars, Nicolas Sarkozy avait affirmé préférer une alliance entre la Sonatrach et Gaz de France à une fusion entre GDF et Suez. Un peu plus tard, Patrick Devedjian, l'un de ses proches, avait affirmé que M.Sarkozy souhaitait privilégier un adossement de GDF à la Sonatrach à une fusion avec Suez pour «créer un grand groupe gazier euro-africain» et «sécuriser l'approvisionnement de la France.». Sur un autre chapitre, Sonatrach serait, en cas de fusion entre Suez et Gaz de France, intéressée par le rachat du premier distributeur de gaz belge, Distrigaz. Mais certaines sources, très au fait du dossier, avancent qu'un accord entre Sonatrach et Suez est à prévoir au mois prochain, même si elles reconnaissent que les pourparlers entre Suez et la Sonatrach «relèvent plus de la chose politique que de la haute finance.» Ainsi, la notion euroméditerranéenne prônée par Nicolas Sarkozy prendra forme avec un tel accord qui permettra à la France de prendre ses devants en assurant ses approvisionnements énergétiques à partir de l'Algérie. Un accord entre Sonatrach et Suez est fortement espéré par les autorités françaises, au même titre que l'Union européenne, qui ne voient pas d'un bon oeil le dernier accord signé, hier, par le président russe, Vladimir Poutine, avec ses homologues kazakh et turkmène pour augmenter les exportations de gaz vers la Russie. Cet accord est qualifié de «victoire» face aux Occidentaux et à la Chine soucieux d'accéder aux vastes ressources énergétiques de la Caspienne. Cet accord marque un succès important pour Moscou, dont la proposition était en concurrence avec un projet américain proposant un gazoduc traversant la Caspienne. L'UE et les Etats-Unis, inquiets de l'importance énergétique prise par la Russie, soutiennent l'idée d'un gazoduc allant du Turkménistan à l'Azerbaïdjan via la mer Caspienne, évitant la Russie qui contrôle la majorité des exportations de gaz turkmène.