Cette alliance est économiquement irréaliste et politiquement incorrecte. Evoquée lors de la campagne électorale pour la présidentielle française par Nicolas Sarkozy, le rapprochement du gazier français, GDF, et Sonatrach n'aura pas, en fin de compte, lieu. L'offre vient d'être rejetée par l'Algérie. «Cette alliance est économiquement irréaliste et politiquement incorrecte», a affirmé un haut responsable de Sonatrach au quotidien français La Tribune. «Sonatrach ne voit pas l'avantage qu'elle pourrait tirer d'un tel projet. Elle souhaite être présente dans toute l'Europe et non se lier à un seul partenaire», poursuit le journal, selon la même source. De ce fait, une alliance entre Sonatrach et GDF, en échange d'une aide française pour développer le nucléaire algérien est loin de susciter l'intérêt de l'Algérie qui relève avec justesse que «l'Algérie ne manque pas de propositions en la matière.» L'autre obstacle serait d'ordre politique, affirme le journal qui évoque les relations «en dents de scie» entre la France et l'Algérie. «Nous avons signé des traités d'amitié avec beaucoup de pays, sauf avec la France qui ne le veut pas. Comment peut-on réussir dans l'économie, ce qu'on n'a pas pu faire dans le politique?», s'interroge ce haut responsable de Sonatrach cité par le quotidien. L'autre raison de ce rejet est d'ordre capitalistique. «Une alliance avec GDF ne peut pas se faire entre une compagnie étatique comme Sonatrach et GDF qui est un groupe coté en Bourse.» estime le responsable algérien. Pour rappel, Nicolas Sarkozy avait indiqué, en mars, en pleine campagne présidentielle, qu'il préférait une alliance entre Sonatrach et GDF à une fusion entre GDF et Suez, et ce, dans la perspective de «créer un grand groupe gazier euro-africain» et «sécuriser par là, l'approvisionnement de la France». Tandis que le président-directeur général de GDF, Jean-François Cirelli, avait affirmé que son groupe n'avait pas pour projet «une alliance capitalistique avec un fournisseur» comme Sonatrach. Par ailleurs, rappelle-t-on, le quotidien belge Le Soir avait fait état de discussions avancées entre Sonatrach et le groupe Suez, en vue d'une éventuelle collaboration. Un accord pourrait intervenir le mois prochain même si les pourparlers relèvent plus de la sphère politique que de la haute finance, estime encore le journal. A ce stade de la lutte sourde menée pour sécuriser l'approvisionnement énergétique de l'Europe, l'on s'inquiète de plus en plus sur la «mainmise» du gaz par la Russie qui vient de signer d'importants accords gaziers avec le Turkmenistan et le Kazakhstan, relève-t-on. On ne peut évoquer ce besoin de sécurisation énergétique de l'UE sans parler des efforts de l'Algérie à trouver des associés sur l'ensemble de la chaîne gazière et pouvoir renforcer la position de l'Algérie en tant que fournisseur de gaz sur le Bassin atlantique. Cette option a été, du reste, fortement soutenue lundi à Washington par le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, lors des travaux d'un symposium organisé par le Conseil d'affaires américano-algérien (US ABC). Pour les organisateurs de cette rencontre, devenue annuelle, il s'agit de faire connaître les grands projets de l'Algérie qui a les moyens de créer une grande industrie gazière et de jouer un rôle dans le bassin atlantique. Nous voulons le faire avec des partenaires sur l'ensemble de la chaîne, qu'il s'agisse des terminaux, du transport, du développement de nouvelles réserves, de la distribution ou de la transformation, a affirmé le ministre à cette rencontre où les opportunités dans les secteurs des énergies nouvelles, de la pétrochimie et le gaz naturel, ont été passées au crible.