«Il a tout à fait le droit de vouloir demeurer au Canada, mais de là à porter préjudice à son pays, c'est totalement inacceptable», soutient le consul algérien, Sbaâ. Un juge canadien a mis sur la glace la décision de déporter Mohamed Harkat. Il estime que les conditions d'extradition ou de déportation ne sont pas réunies pour prendre pareille décision. Ainsi donc, Mohamed Harkat et ses avocats auront finalement eu gain de cause. Selon un quotidien canadien, le juge François Lemieux, de la Cour fédérale, a suspendu, vendredi, la demande de contrôle judiciaire et l'audience prévue mardi prochain, jusqu'à ce que le Parlement complète le processus d'examen des certificats de sécurité. Cela signifie que M.Harkat ne sera pas déporté en Algérie, du moins dans un avenir proche. Le journal rappelle aussi que Mohamed Harkat, un ancien livreur de pizza, a été arrêté à Ottawa, en décembre 2002, en vertu d'un certificat de sécurité. A ce jour, ses avocats soutiennent qu'il pourrait être victime de torture s'il retournait dans son pays d'origine. La récente décision de la Cour suprême, selon laquelle les certificats de sécurité ne sont pas conformes à la Charte canadienne des droits et libertés est venu brouiller les cartes dans ce dossier. Il y a quelques mois, M.Harkat a fait une demande pour que la Cour fédérale révise son cas, arguant qu'on ne pouvait statuer tant que le processus d'examen des certificats de sécurité n'était pas complété. Toutefois, le gouvernement canadien arguait, quant à lui, que les procédures engagées contre Mohamed Harkat auraient dû avoir lieu tel que prévu, faisant abstraction de la révision exigée par la Cour suprême des certificats de sécurité et donc, du processus de déportation. Le juge Lemieux aura finalement tranché en faveur de Harkat. Cette décision avait mis en colère l'ambassade algérienne au Canada. «Mohamed Harkat a tout à fait le droit de vouloir demeurer au Canada, mais de là à porter préjudice à tout un pays, c'est totalement inacceptable», a soutenu le consul algérien, Sbaâ. Selon Radio-Canada, Mohamed Harkat, un ressortissant algérien qui a obtenu son statut de réfugié en 1997, avait été soupçonné par les autorités canadiennes d'être un agent dormant d'Al Qaîda au Canada. Si aucune accusation formelle n'a encore été déposée contre lui par les autorités canadiennes, il a, toutefois, passé trois ans et demi dans une prison fédérale en vertu d'un certificat de sécurité. Remis en liberté sous très haute surveillance en mai dernier, Mohamed Harkat est actuellement sous le coup d'un ordre d'expulsion, ordre qu'il conteste devant les tribunaux, prétextant les risques qu'il soit torturé ou tué par les autorités algériennes. Selon un rapport récent d'Amnisty International (AI), des agents du Département du renseignement et de la sécurité algérienne (DRS) «arrêtent des individus et leur infligent des tortures et des mauvais traitements essentiellement parce qu'ils les soupçonnent de détenir des informations sur des groupes armés». Dans ce même rapport, AI soutient que «les coups, les décharges électriques et l'ingestion forcée d'eau sale, d'urine ou de produits chimiques font partie des nombreuses méthodes que les forces de sécurité algériennes continuent à utiliser en bénéficiant d'une impunité constante». Ces accusations sont vivement niées par le consul Sbaâ, qui explique que l'Algérie a toujours rejeté les rapports d'AI «parce que c'est une organisation qui a des positions tout à fait partiales.» Abdelaziz Sbaâ reconnaît, toutefois, lorsque Radio-Canada lui fait remarquer que les conclusions d'AI sont similaires à celles obtenues quelques années auparavant par le Comité des droits de l'homme de l'ONU, une organisation reconnue pour son impartialité, qu'il y a bien eu des «dépassements» en Algérie. Le diplomate précise cependant que les auteurs de ces «dépassements» ont toujours été, et ce, par dizaines, traduits devant la justice.