A la veille du scrutin, Constantine vient d'être ébranlée par l'explosion de deux bombes, dont l'une est de forte puissance. Les deux engins meurtriers avaient été placés aux abords du rond-point situé près du quartier populaire de Daksi, et loin de la clinique rénale, du commissariat du 4e arrondissement et d'une annexe de l'APC. Les deux explosions ont eu lieu aux environs de 7h55, à quelques secondes d'intervalle. Un black-out total a été imposé sur l'information concernant le nombre de victimes. Jusqu'à midi, aucun responsable n'était habilité à nous donner leur nombre exact. Selon des sources crédibles, les deux engins explosifs ont été actionnés à distance et visaient une patrouille de la police. A 7h55 et visiblement déroutés, car la patrouille ne passait pas, les terroristes ont ciblé les policiers qui réglaient la circulation au niveau de ce rond-point qui lie les quartiers populaires de Djbel El Ouahch et Oued El Had à la ville. Selon certains témoignages, on parle d'un policier mort et de deux autres blessés dont un grièvement. Toute la population était sous le choc. Réagissant à partir de Annaba, en marge de la visite du chef de l'Etat, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, et des Collectivités locales, M.Nouredine Yazid Zerhouni, a qualifié, hier l'attentat de Constantine d'«acte de sabotage» à la veille des élections législatives et «contre le système démocratique en Algérie». Selon M.Zerhouni, «on s'attendait à ce genre d'actes. Estimant que le citoyen en est conscient», M.Zerhouni a précisé que la «meilleure façon de répondre à ce genre d'attentats est la forte participation aux élections législatives». Le message des terroristes est clair: il faut frapper les imaginations, à la veille du scrutin, et atteindre le moral d'une population qui n'a pas cessé de marquer son indifférence aux menaces des antinationaux. Hier, les établissements publics et scolaires ont fait l'objet de mesures de sécurité draconiennes. Plusieurs fausses alertes à la bombe ont été signalées, notamment au stade Ben Abdelmalek. L'ambiance à Constantine était des plus tristes et moroses. Les autorités militaires avaient aussitôt déclenché une vaste opération de ratissage. Deux arrestations ont eu lieu aussitôt après l'attentat. Vers 11h, les services de la police avaient lancé une course poursuite. Trois véhicules, dont une Golf et une Mégane, ont été interceptées. Leurs occupants, au nombre de trois, furent arrêtés. Le périmètre a été fouillé méticuleusement par les services de la police scientifique et de la Gendarmerie nationale. Une information non confirmée fait état du dépôt des deux engins durant la nuit, mais des témoins oculaires parlent d'un véhicule de marque Mégane qui serait derrière cet attentat. Il aurait été aperçu juste avant que les engins explosent au rond-point, à bord duquel y étaient les trois individus.