Les deux bombes ciblaient un véhicule des services de sécurité habitué à prendre le rond-point de Daksi, à quelques mètres seulement du 4e arrondissement de la sûreté urbaine de Sidi-Mabrouk. Après plusieurs années d'accalmie, Constantine a renoué, hier, en début de matinée, avec un double attentat à la bombe qui a coûté la vie à un policier et a fait 10 blessés dont 2 agents de l'ordre public. Les deux bombes ciblaient, selon nos sources, un véhicule des services de sécurité habitué à prendre le rond-point de Daksi, carrefour où passent de hauts responsables civils et militaires, à quelques mètres seulement du 4e arrondissement de la sûreté urbaine de Sidi-Mabrouk et de la clinique rénale de Daksi. Il est 7h55 quand une première explosion retentit, suivie, six minutes après, d'une seconde explosion. Les usagers de la route, les habitants de la cité Daksi et des quartiers avoisinants ont cru à un séisme, avant qu'ils ne réalisent qu'il s'agissait bel et bien d'un attentat à la bombe. Une noria de véhicules de police, de gendarmerie et de la Protection civile se dirige alors vers les lieux. Un périmètre de sécurité s'étalant sur plusieurs centaines de mètres a été immédiatement dressé et la circulation déviée vers d'autres axes routiers sans que les automobilistes ne sachent vraiment les raisons de ce branle-bas. “J'ai cru, au départ, que c'était un tremblement de terre, mais en sortant de chez moi, je me suis vite rendu compte que c'était, en fait, une bombe qui avait explosé”, raconte un citoyen ahuri par la scène d'horreur qui se déroulait sous ses yeux. En fait, selon des témoins oculaires, une première bombe de faible puissance a explosé, faisant un premier blessé parmi les agents de l'ordre public. La seconde a explosé 6 minutes après, mais celle-ci a été, selon nos sources, de plus forte puissance, et la déflagration a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde. Des débris de verre et des gravats jonchaient le sol sur un rayon de 100 m. À notre arrivée, les ambulanciers avaient déjà évacué les blessés, dont un policier qui succomba à ses blessures. Des centaines de citoyens étaient massés derrière le cordon de sécurité posant des questions aux policiers qui tentaient, tant bien que mal, de contenir une foule inquiète et hagarde. À quelques mètres de la scène du crime, jonchée de débris de tous genres, se trouvait le wali de Constantine, M. Abdelmalek Boudiaf, qui s'était rendu sur les lieux aussitôt informé. Le chef de sûreté de wilaya était également sur les lieux, mais ce dernier se refusera à tout commentaire en dépit de l'insistance des journalistes venus en nombre, à l'affût de la moindre information. Selon certaines sources, les terroristes auraient enfoui, quelques heures auparavant, une bombe dans le terre-plein du rond-point Daksi et attendaient, tapis dans l'ombre et probablement munis d'un caméscope, le passage du véhicule des services de sécurité qui rejoignait son poste, comme chaque jour, à cette heure précise. Une fois dans leur champ de vision, les terroristes qui seraient, toujours selon nos sources, au nombre de 5 éléments se trouvant à bord d'une Renault Mégane de couleur blanche, se sont approchés des agents en faction. À leur hauteur, ils jetèrent en leur direction un objet léger mais piégé, un portable de marque Nokia, selon nos sources. Ce dernier sera actionné à distance. Sur les lieux de l'attentat, le bord du rond-point était éventré, alors qu'à 17 m de là, soit le lieu de la première explosion, du sang maculait la chaussée, probablement celui de Abdelali Derra, un agent de l'ordre public qui a, selon nos sources, succombé à ses blessures quelques minutes seulement après le lâche attentat, laissant derrière lui une femme et un enfant âgé à peine de 10 ans. 11h30. Les agents de la Police scientifique de la Gendarmerie nationale quittaient peu à peu les lieux, faisant place aux éléments de la Protection civile qui s'attelleront, en un temps record, à déblayer la zone dévastée. Quelques minutes plus tard, la route était dégagée, la circulation autorisée et les rumeurs les plus folles à courir les ruelles de la cité en l'absence d'une réelle politique de communication. Lynda Nacer