Avec 52 sièges, le MSP est désormais la 3e force politique au sein de la nouvelle APN et confirme son leadership du mouvement islamiste. Jeudi 18h, au siège du Mouvement de la société pour la paix. Ce n'est pas la grande affluence. Cela est compréhensible c'est sur le terrain que cela se passe. Dans les bureaux de vote que nous avons visités la matinée, les surveillants désignés par le parti étaient omniprésents. La campagne menée par le MSP est sobre et efficace. Loin des dissensions qui ont secoué les grosses pointures de la scène politique algérienne. La conversation s'engage autour des tentatives de fraude. On prend connaissance de la correspondance adressée par M.Bouchaïr, président de la Commission nationale politique de surveillance des élections législatives au chef de l'Etat, M.Abdelaziz Bouteflika. Deux cas de fraude sont signalés. Tous les deux à Rouiba (Alger). L'un au centre Mohamed El Kebir où 135 bulletins (tous FLN) ont été découverts au bureau de vote n°1. Le second au centre Drif bureau F61. 120 bulletins (62 FLN et 60 RND) se trouvaient dans les urnes avant le début des opérations, selon M.Idir, notre interlocuteur et l'un des animateurs de la campagne du MSP. Nous posons la question qui gêne. «Comment allez-vous réagir? Ce sont deux partis de l'Alliance présidentielle, dont vous faites partie». «Nous dénoncerons tout acte de fraude de quelque origine qu'elle provienne. La faute incombe surtout à l'administration», nous répond-il. M.Soltani, le président du MSP, qui avait été interrogé sur d'éventuels «dépassements», a déclaré que son parti appellera à l'ouverture d'une enquête pour sanctionner les fraudeurs, conformément à l'article 197 du Code pénal. Il a ajouté que: «la fraude est le terreau de la corruption». Tout en admettant l'existence de «dépassements», il a constaté qu'«ils étaient loin d'être limités et isolés». Ils toucheraient presque l'ensemble des wilayas. M.Boudjerra Soltani a, en outre, dénoncé «les entraves qui ont empêché des représentants de partis politiques de contrôler le scrutin». Il a ajouté que «certains agents de l'administration ont agi à leur guise sans prendre en considération ni l'instruction du président de la République ni celle du ministère de l'Intérieur qui appellent à la transparence du scrutin». On monte au 2e étage de l'immeuble. On découvre la salle des opérations. Les chiffres tombent, wilaya par wilaya. On est confiant. Le taux d'abstention inquiète cependant. 6,7% à 10h. 19,45% à 14h. M.Boulil, député d'Oran dans la désormais précédente APN, nous le confirme. «Il est vrai que si cela n'évolue pas, cela représenterait un message très clair, envoyé en direction de la classe politique en général. Nous devons nous montrer plus à l'écoute du citoyen. Le chômage, le logement et le pouvoir d'achat comptent parmi les préoccupations majeures des Algériens.» Nous prenons congé. Direction l'école «El Bahdja» à Bir Mourad Raïs. Une école maternelle pendant la période coloniale. Située sur la célèbre «placette» à côté de l'ancienne somptueuse mairie construite en 1911. Elle jouxte la mosquée. Ce centre de vote est constitué de 5 bureaux. Bureau 75: 310 inscrits, 39 votants. Le faible taux de participation est confirmé. La responsable du centre fait irruption, elle semble résignée. «Le taux d'abstention sera énorme», lâche-t-elle. Sur 1681 inscrits, on dénombre 153 votants. Une moyenne de 9,8%. Tard dans la nuit, l'Entv interrompt le match ESS-El Fayçali de Jordanie, retransmis en différé à la Télévision algérienne. M.Zerhouni, ministre de l'Intérieur, apparaît à l'écran. Il annonce un taux de participation de 35,51%. Le président du MSP, M.Soltani intervient quelques minutes après sur les ondes de la Chaîne II. Il prend acte, constate l'échec des partis politiques dans leur appel au vote massif. Questionné sur d'éventuelles indications concernant le score de sa formation, il indique: «D'après les chiffres partiels en notre possession, nous évoluons entre la 3e et la 1re place selon les wilayas.» Vendredi, dans la matinée, les résultats tombent. 52 sièges pour le MSP. Une progression de 14 sièges par rapport à 2002. Nous prenons contact avec M.Farouk, l'attaché de presse du parti. «Le taux d'abstention est trop important pour parler de succès. Il faudra relativiser tout cela. Ce qui nous importe le plus, ce sont les préoccupations des citoyens et le message envoyé par les abstentionnistes à la classe politique dans son ensemble», nous dira-t-il. Des points sur lesquels est largement revenu le président du parti, M.Soltani, lors de la conférence de presse qu'il a tenue hier après-midi.