La composante nous fait rappeler le défunt CNT, sans les partis qui ont disparu pour non-conformité à leur propre loi. L'APN, issue du scrutin du 17 mai, garde les mêmes proportions de partage des sièges que la précédente. Les partis de l'Alliance ont la suprématie sur les décisions. Ils obtiennent 249 sièges contre 284 en 2002. L'écart n'est pas important. Ils ont la majorité simple, mais n'atteignent pas les deux tiers qui leur permettent de prendre les décisions qui engagent le devenir de la République. Les éléments nouveaux du puzzle se situent dans un net recul du FLN qui n'a plus la majorité à l'APN; il ne peut donc rien décider tout seul, sans l'apport d'un ou des deux autres partenaires de l'Alliance. Le FLN a énormément perdu dans cette élection unique car marquée par un taux d'abstention historique. Il perd 63 sièges pendant que le RND et le MSP gagnent 14 sièges chacun par rapport à 2002. Une autre curiosité dans la nouvelle configuration: le RCD garde le même nombre de sièges qu'en 1997 et son président redevient député. Les partis de l'opposition, le PT et le FNA avancent de quelques pas seulement alors que le grand perdant est, sans conteste, El Islah qui tombe de 43 à 3 sièges alors qu'En Nahda remonte de un à 5 sièges. On note l'apparition du Mouvement national pour la nature et le développement (Mnnd) qui en obtient 7. Le MJD arrive avec 5 sièges en Oranie, l'ANR, le MEN, et le PRA avec 4 chacun. Puis 3 pour le Fnic et Infitah, 2 pour chacun des AHD 54, Pnsd, MNE et RPR, et enfin un pour les autres RA, FND et MDS. Seul de PST de Chawki Salhi n'a rien obtenu. La multiplication à l'infini des sièges entre les petits partis nous fait rappeler, curieusement, la composante du défunt CNT, avec les 33 indépendants en sus. La plupart des partis qui y siégeaient sont à présent représentés dans la nouvelle Assemblée. Le PST n'y était pas. Beaucoup de partis ont disparu de la scène en raison de la non-conformité à la loi sur les partis politiques votée par le même CNT en 1996. La nouvelle APN prend la forme d'une mosaïque où aucun parti ne peut décider seul du sort des lois qui sont proposées par un gouvernement qui garderait les mêmes formes. Sur le plan des rôles assignés aux nouveaux partis, l'on s'attend à des comportements relevant de l'époque de la dernière APN du parti unique où des députés du FLN s'adonnaient au jeu d'opposants. Il y aura, en effet, du chahut, de la figuration, un semblant de démocratie et de la joie parce que tout ce beau monde sera largement payé par le contribuable. Mais la politique a un prix, vous dira-t-on. On ne parcourt pas les étendues immenses du pays pour des prunes. Chaque geste est coûteux. On rembourse aux candidats les frais de campagne, leur salaire couvrant la période de campagne; on paie les encadreurs, les contrôleurs, les membres de la commission de surveillance des élections, enfin tous ceux qui ont participé de près ou de loin à l'opération de vote. La procédure entre dans la logique de répartition «équilibrée» des richesses. Tout compte fait, la nouvelle composante de l'APN arrange tout le monde. Néanmoins, elle souffre d'un manque de représentativité effective des électeurs. Une fois l'opération terminée, les responsables politiques découvrent qu'il y a des lacunes dans la loi électorale. Ils promettent de l'amender avant les locales. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait avant les législatives? La question mérite d'être posée.