Ceux-là mêmes qui ont tourné le dos aux urnes, n'hésitent pas à dire ouvertement que «les jeux étaient faits d'avance». Le Conseil constitutionnel a rendu publics les résultats officiels des élections législatives. Un non-événement, dirait-on, sachant que le scrutin du 17 mai a été discrédité aux yeux des Algériens, aussi bien par le faible taux de participation historique, que par les cas de fraude enregistrés. Des cas, «loin d'être isolés» et signalés dans un rapport adressé par M.Bouchaïr au chef de l'Etat. Que ressort-il donc du rapport Bessaieh? Aucun changement important, si ce n'est l'annulation des deux sièges du Pnsd et la révision à la hausse du score du RND, qui gagne un siège, alors que son partenaire de l'Alliance, le MSP en perd un. Quant au FNA de Moussa Touati, qui s'était plaint, lors de sa dernière conférence de presse, d'avoir été spolié de deux sièges, il vient d'avoir gain de cause, en passant de 13 à 15 sièges. Cependant, dans toute cette arithmétique, nous retiendrons des chiffres pour le moins «troublants». Pur hasard ou logique des «quotas»? Le constat s'impose tout de même et donne lieu, à juste titre, à des interprétations. C'est le fait que quatre «catégories» de partis politiques ont été scindées en groupes de trois avec le même nombre de sièges chacun. Ainsi l'ANR, le MEN et le PRA ont obtenu quatre sièges, suivis d'El Islah, El Infitah et le Fnic avec trois sièges. Quant à AHD 54, au MNE et au RPR, ils ont obtenu deux sièges chacun. Enfin le RA, le FND et le MDS, ont droit à un siège chacun. Un autre chiffre qui mérite d'être relevé, le MSP et le RND ont obtenu, équitablement, quatorze sièges de plus, avant que le Conseil constitutionnel ne décide de rectifier le tir. Cependant, une question s'impose: pourquoi donc, la plupart des partis en lice n'ont, curieusement, pas insisté sur la fraude et n'ont pas été jusqu'au bout de la «protesta»? D'autant plus que leurs représentants à la commission politique nationale de surveillance des élections législatives ont signé, à l'exception du délégué du PT, la lettre adressée par M.Bouchaïr au chef de L'Etat. Pourquoi conteste-t-on des résultats où apparemment chacun a eu son «compte»? Une question légitime qui ne fait d'ailleurs que refléter l'avis d'une majorité des Algériens. Ceux-là mêmes qui ont tourné le dos aux urnes n'hésitent pas à dire, ouvertement, que «les jeux étaient faits d'avance». D'ailleurs, comment peut-on expliquer le fait qu'à la veille des élections, chaque parti y est allé de ses propres pronostics? «Nous ferons un raz-de-marée» martèle Belkhadem. Nous obtiendrons au moins 30% des sièges, rétorque Soltani. Alors que le secrétaire général du RND affirmait: «Nous ferons un meilleur score que lors des législatives de 2002». Des déclarations qui ont fait croire aux électeurs algériens que leurs voix ne seraient que de trop. Nous relèverons aussi cette déclaration, du moins curieuse, du président du RCD, M.Saïd Sadi: «Nous nous attendions à 39 sièges et nous n'en avons obtenu que 19». Que veut-il insinuer? Cet autre «lapsus» du président du Pnsd, M.Mohamed Chérif Taleb est tout aussi édifiant. Au cours d'une émission télévisée, diffusée le lendemain du scrutin, il lance en direct «Koul wahed da hakou» tout le monde a eu sa part. Quelques jours plus tard, le Conseil constitutionnel a décidé autrement: M.Taleb sera dépouillé de ses deux sièges. Ironie du sort. Ce sont là autant d'«ingrédients» qui plaident pour la thèse des quotas. Un terme qui n'est d'ailleurs pas nouveau dans le jargon politique des Algériens et qui est même en passe de devenir une «constante».