La configuration des centres de santé en salles de soins a suscité l'ire des praticiens relevant de la santé publique. Si le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, M.Amar Tou, a avancé quelques chiffres, satisfaisants pour certains, les syndicats autonomes de la santé publique rejettent cette thèse en bloc. La reconfiguration de 900 centres de santé en salles de soins, voire polycliniques, suscite l'ire des praticiens. S'intéressant aux chiffres, cette formule a, semble-t-il, échappé à Amar Tou. Inconcevable! «On se demande comment assurer, entre autres, la vaccination des nouveau-nés, le suivi des malades chroniques, ainsi que les soins dentaires» s'est interrogé M.Merabet du Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), contacté, hier, par l'Expression. Etayant ses dires, notre interlocuteur a laissé entendre que les médecins ne passent qu'une fois par semaine, sauf nécessité extrême, afin de rendre visite à leurs patients. «Ce sont les infirmiers qui assurent les soins» a-t-il encore ironisé. Face au nombre insuffisant de médecins généralistes, l'on ajoute l'absence des chirurgiens-dentistes. A contrario des centres de santé qui comptent 4 praticiens chacun, les salles de soins sont dépourvues aussi de médecins et de sages-femmes. Ainsi, les lacunes en termes de suivi médical de la protection maternelle et infantile (PMI) ne peuvent pas être dissimulées. Dans cette même optique, le Dr.Messaoui, du même syndicat, a précisé, en citant Rouïba, Boumerdès et Thénia comme exemples, que la création de nouveaux centres de santé s'impose. Au niveau des salles et en l'absence des moyens humains et matériels, le patient se voit privé des soins de base. «C'est absurde», poursuit notre interlocuteur. «Les décisions prises, les chiffres avancés...par M.Tou n'ont jamais concerné notre syndicat.» a-t-il ajouté. On leur tourne le dos volontairement? notre interlocuteur ne peut répondre que par l'affirmative. A se fier à ses propos, ce dossier doit être discuté prochainement au niveau des deux chambres. Dans un autre sillage, nos deux interlocuteurs sont revenus sur le problème du préemploi. Si la situation est inacceptable pour le premier, le second la qualifie d'«humiliation envers l'élite de notre pays.» En termes de chiffres, le ministre a annoncé que l'Algérie dispose actuellement de 98.000 agents paramédicaux. Selon le Syndicat national des paramédicaux, il en faudrait 200.000 pour répondre aux besoins et pouvoir dispenser des soins de qualité avec un taux d'un paramédical pour 4 malades, au lieu de 24. S'agissant de la grille des salaires qui entre dans le cadre de la Fonction publique, nos interlocuteurs ont laissé entendre que l'augmentation attendue depuis 10 mois doit avoir lieu. Dans les plus brefs délais, ont-ils précisé. Une nécessité «pour pouvoir donner nos propres définitions par rapport à notre statut» poursuivent les praticiens. Le feuilleton opposant la tutelle aux différents syndicats, connaîtra-t-il, un jour, son épilogue?