L'ensemble des formations politiques a signé le rapport final, excepté deux partis. L'onde de choc du premier rapport de la commission Bouchaïr continue d'alimenter les débats. Jeudi dernier, un point de presse a été tenu au siège de la Commission nationale politique de surveillance des élections législatives (Cnpsel). Son président, Saïd Bouchaïr, «tarabusté» par la presse, affirme que sa commission «assume pleinement le premier rapport adressé au président de la République». D'ailleurs, pour étayer ses dires, il fera savoir que le contenu de la première lettre a été repris lors de la rédaction du rapport évaluatif général. Celui-ci a été envoyé, jeudi, au premier magistrat du pays. Cela pour répondre à la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) qui avait déclaré que le rapport de la Cnpsel a été modifié à 95%. Le conférencier a déclaré aux journalistes que l'ensemble des formations politiques a signé le rapport final, excepté deux partis. Secret professionnel. Saïd Bouchaïr n'ira pas jusqu'à divulguer les partis qui n'ont pas approuvé le rapport envoyé au président Bouteflika. Il se contente de dire, simplement, et clairement, que ces deux partis «n'ont pas été présents le jour de la signature». Selon des sources proches de la commission, le FLN de Belkhadem s'est montré réticent à l'idée de rédiger une lettre au président, le jour du vote. C'est cette même lettre, d'ailleurs, qui a provoqué les foudres de certains partis, à commencer par le PT. Faut-il rappeler, dans la foulée, que le premier rapport, rendu public le 17 mai dernier, soit le jour du scrutin, évoque plusieurs pratiques déloyales et des cas de fraude signalés. Le parti de Louisa Hanoune, ajoutent encore nos sources, a refusé carrément d'approuver le contenu de ce premier rapport. Cela dit, le FLN et le PT n'étaient pas déjà partants pour l'idée. Sont-ils les mêmes partis, cités par Saïd Bouchaïr, qui ont «boycotté» la signature du rapport évaluatif général? Le conférencier n'a pas voulu aller encore plus loin. «Nous avons envoyé le rapport au président de la République et nous ne voulons pas divulguer son contenu, maintenant», déclare à la presse Saïd Bouchaïr. Et d'ajouter que le «grand souhait de la commission est de voir les notes et les recommandations prises en charge par le chef de l'Etat». Le président de la Cnpsel n'ira pas avec le dos de la cuillère pour dire à Louisa Hanoune qu'«aucun Algérien n'est plus nationaliste que l'autre». C'est une réplique en rapport avec ce que la patronne du PT qualifie «d'atteinte à la souveraineté nationale» en permettant à la presse étrangère de connaître le contenu du premier rapport. En tout cas, la question de souveraineté est l'une des cordes sensibles sur lesquelles jouait Louisa Hanoune. «Est-ce que les journalistes qui ont publié la lettre sont contre la souveraineté nationale?», s'interroge Saïd Bouchaïr. Ou encore, les représentants des partis qui l'ont rédigée et approuvée? Un autre membre de la commission s'interroge: Pourquoi Louisa Hanoune a dénoncé certaines pratiques frauduleuses alors qu'elle est contre le contenu de la lettre envoyée au chef de l'Etat? Et, à ce stade, c'est Saïd Bouchaïr qui lâche le morceau: «Je ne connais pas Mme Hanoune, ni personnellement ni politiquement». Et de l'attaquer encore sur un autre front: «Des partis m'étonnent, quand je suis contre les indemnités, naturellement je ne les prends pas. Le comble est que certains critiquent les indemnités, mais qui ouvrent les poches pour les encaisser». Ces mêmes indemnités concernent l'argent que doivent les partis et leurs représentants à la commission en guise de remboursements. Manifestement, la polémique née des suites de la lettre de la commission Bouchaïr n'est pas encore finie. Le rapport final est chez le président Bouteflika. C'est à lui que reviendra le dernier mot.