Le gouvernement devra présenter son programme de politique générale à la nouvelle Assemblée. La classe politique autant que les observateurs se retrouvent devant une situation inédite, peut-être l'unique depuis l'indépendance. L'on s'interroge sur la nature d'un gouvernement qui gère les affaires courantes avec une équipe très réduite, alors que l'agenda du président de la République et de son staff se trouve très chargé durant cette période de flou. Bouteflika reçoit les présidents Daniel Ortega et Housni Moubarek à Alger, durant la première moitié de juin. Il doit se rendre cette semaine en Allemagne pour participer au G8. Il a déjà reçu le président hongrois, dira-t-on, et invité des ex au dîner. Mais il s'agissait de simples agencements protocolaires, sans plus. Mais l'énigme reste entière quant au rôle assigné au chef du gouvernement qui a présenté sa démission, sans pour autant bénéficier d'une reconduction en bonne et due forme. Il prend, en sus, la gestion de l'éducation. Cela sous-entend que Abdelaziz Belkhadem va suivre de près la période des examens de fin d'année qui a déjà commencé et qui ne prendra fin qu'en début juillet. S'il y a un lien à établir, on peut penser à une rallonge de l'équipe actuelle pour au moins un mois. L'aspect le plus important réside dans le fait que le gouvernement doit présenter sa politique générale à la nouvelle Assemblée élue. Il le fera, en toute logique, comme si de rien n'était, puisqu'il remplit la mission de chef du gouvernement. Tous les observateurs attentifs s'interrogent sur le pourquoi de cette combinaison surréaliste. Et chacun va de ses spéculations déroutantes. Bouteflika reprocherait aux ministres-députés de s'être présentés à la députation sans son aval. C'est une manière de les punir d'avoir failli aux usages de bienséance. Ils perdent leurs privilèges de ministres le temps qu'il faudra pour l'annonce de la nouvelle mouture du gouvernement, s'ils sont reconduits. Mais personne ne parierait un sou sur cette éventualité. D'autres analystes, par contre, trouvent des indices dans les jeux d'équilibre qui ont de tout temps caractérisé le système politique algérien. On cite le cas de la présidence de l'APN. Elle s'est jouée en faveur de Abdelaziz Ziari en dernière minute. C'était Abdelkrim Ghrieb qui était pressenti car il ne pouvait laisser son poste d'ambassadeur pour une simple députation, dit-on. Il s'est présenté, évidemment, pour avoir le poste de président. Mais tout s'est joué en sa défaveur en dernière minute. Quand Ziari rend hommage à feu Rabah Bitat dans son premier discours, on comprend aisément d'où il a puisé ses ressources pour damer le pion à Ghrieb. L'on parle, également, de recomposition au Sénat. Abdelkader Bensalah serait pressenti aux Affaires étrangères pendant que Belkhadem est attendu à la tête du Conseil de la nation. Mais cette éventualité est peu plausible parce qu'elle ne repose sur aucune logique. Tous les indicateurs militent pour une reconduction de Belkhadem, tant que les liens qui l'unissent à Bouteflika restent intacts. Les élections législatives du 17 mai ont embrouillé la visibilité politique. Le fort taux d'abstention, a remis en cause leur crédibilité, même si leur légitimité n'est pas unanimement contestée. Cette élection a eu des conséquences néfastes sur les recompositions politiques. Elles ont commencé par le rapport de Bouchaïr et la polémique qui l'a suivi. Il y a eu ensuite le report de l'installation de l'APN et l'annonce des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel et puis la démission du gouvernement qui n'en est pas une. Il faut s'attendre à d'autres développements majeurs si le statu quo persiste. On n'est pas à une contradiction près.