A défaut d'une augmentation des tarifs de l'électricité, le P-DG de l'entreprise invite le gouvernement à mettre le paquet. Satisfaction et inquiétude. La société Sonelgaz a brossé, hier, un tableau détaillé de son exercice de l'année 2006 et de ses perspectives. Premier résultat: 16 milliards de chiffre d'affaires durant l'exercice précédent. Ce budget net et consolidé du groupe hors filiales est en augmentation de 5% par rapport à 2005. Son président-directeur général, Nourdine Bouterfa, s'est félicité de ce résultat, mais avec appréhension. Une façon d'exprimer le malaise financier de son groupe. Présentant ces comptes devant le ministre de l'Energie et des Mines et des cadres du secteur, le P-DG a fini par avouer. Le problème des liquidités se pose toujours. Un message destiné en filigrane au gouvernement. L'augmentation des tarifs de l'électricité est inévitable. Alors que ce dernier temporise et s'obstine, la Sonelgaz persiste. En effet, ce dossier traîne depuis longtemps sur le bureau de la chefferie du gouvernement. Jusqu'à présent, aucune suite n'a été donnée. Tant mieux pour le citoyen! Ce dernier sera épargné d'une augmentation du tarif pour le moment. Du côté de la Sonelgaz, on s'impatiente. L'entreprise ne peut plus tenir à ce rythme. «Il n'y a pas d'inquiétude du client, c'est l'inquiétude de l'entreprise», lâche M.Bouterfa. Ce dernier a fait part de son inquiétude concernant le rembourrement des dettes de Sonelgaz auprès des banques. Si le gouvernement refuse l'augmentation de 15%, ajoute-t-il, il doit trouver d'autres solutions. «Rien n'interdit à la loi d'accorder des dotations pour des raison sociales», justifie-t-il. Même si le résultat de 2006 est positif, cela ne règle pas le problème. Ce chiffre d'affaires, explique-t-il, est généré par la baisse significative du déficit hors exploitation de moins de 262 millions de DA contre 1,4 million de dinars en 2005. Il sera totalement injecté dans le programme d'investissement. M.Bouterfa prévient que cette situation ne durera pas. «Un tel résultat, précise-t-il, ne sera pas réédité en 2007 et les années suivantes.» Pourquoi? Simple explication; l'ampleur des financements à rembourser oblige. Selon lui, il est temps de faire face aux échéances de remboursement des financements contractés afin de boucler le plan d'investissement. Pour sa réalisation, la Sonelgaz a fait un emprunt de 130 milliards de dinars auprès de la BNA. Pourtant, c'est difficile d'obtenir un crédit. Le P-DG lui-même avoue que les banques ne veulent pas travailler. «Il fallait que le Trésor public donne des garanties pour qu'on puisse avoir ces crédits», reconnaît le patron de Sonelgaz. L'entreprise est beaucoup plus préoccupée par le remboursement que par le financement. «Le problème actuellement ne se pose pas dans le financement, mais dans le remboursement», insiste Bouterfa. Le financement, les créances et le remboursement pèsent lourdement sur la santé de l'entreprise. Quelques détails seulement l'illustrent. Rien que pour le dossier des créances, 1 milliard de dinars sont en jeu depuis 2003. S'ajoutent à cela les créances des industriels qui sont importantes. Les coûts et prix de revient de la thermie distribuée ont augmenté de 11% par rapport à 2005. Ainsi que l'augmentation du niveau de transport avec plus de 17%. Les dépenses du groupe ont augmenté de plus de 62% par rapport à l'exercice 2005 et ce, en raison du programme d'urgence de renforcement du parc de production. En insistant sur ces éléments, le P-DG a voulu mettre la pression sur le gouvernement. L'amélioration de la qualité de service et la disponibilité du courant à long terme, à l'entendre, dépendront de la position du gouvernement. Enfin, la Sonelgaz écarte d'éventuelles coupures d'électricité au cours de l'été. Interrogé sur ce point, le P-DG rassure en affirmant que l'entreprise a pris des mesures pour assurer une alimentation régulière.