Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami Le groupe Sonelgaz a quarante ans ; l'anniversaire, en préparation, le groupe le fêtera le 28 juillet prochain. Ce sera une belle occasion de dresser le bilan de quatre décades d'activité. Le chemin parcouru se mesure aux réalisations que la Sonelgaz a faites. L'opérateur public n'est plus dans le statut d'il y a quarante ans. La Sonelgaz est, aujourd'hui, une holding, organisée en filiales autonomes, ramifiée, bien assise sur le marché local et qui veut développer des activités à l'international. De l'ambition. Elle compte, aujourd'hui, trente filiales et six sociétés en participation directe et emploie plus de 61 000 personnes. Le groupe se donne un objectif central, celui de mettre le paquet, concernant l'investissement. Pour 2009, par exemple, il est question de mettre sur la table 210 milliards de dinars, l'équivalent de trois milliards de dollars. C'est colossal. C'est un budget qui place l'opérateur public parmi les premiers investisseurs du pays, ainsi que le note son président-directeur général, Nourredine Bouterfa. Ce dernier s'exprimait au cours d'une conférence de presse animée, la semaine dernière à Alger et consacrée au bilan de la société qu'il dirige. Il détaille qu'«en dépit des difficultés d'autofinancement, nous prévoyons d'investir deux cent dix milliards de dinars, rien qu'en 2009 dont cent vingt-cinq milliards de dinars en production et transport de l'électricité, soit une hausse de 23% par comparaison à 2008». Les difficultés auxquelles il fait allusion sont liées en grande partie à une vieille revendication de Sonelgaz : le relèvement des tarifs de l'électricité. Pour l'instant, le groupe n'a pas obtenu ce qu'il voulait, le gouvernement ne souhaitant pas, dans l'immédiat du moins, toucher au prix de l'électricité. «Et, pourtant, le schéma de restructuration des tarifs proposé par le groupe est recevable», fait valoir, Nourreddine Bouterfa. Cependant, une question s'impose : la Sonelgaz ne peut-elle pas se passer d'une augmentation de tarifs et réfléchir plutôt à d'autres formules plus rentables ? Le p-dg du groupe estime que l'Etat peut procéder, par exemple, à une restructuration de la dette du groupe, c'est un mécanisme parmi d'autres. La dette de Sonelgaz a exponentiellement augmenté, ces dernières années, pourtant, la société n'emprunte plus sur les marchés internationaux. Pour l'heure, la Sonelgaz fait avec ce dont elle dispose ; elle essaye de parachever ce qu'elle a mis en chantier, d'améliorer la qualité de service et, surtout, de rassurer tout le monde quant à la fourniture de l'énergie électrique en période de pointe (été et hiver). Selon Nourreddine Bouterfa, le pays va s'éloigner assurément du spectre des délestages avec la mise en service de la dorsale électrique de 400 kV reliant la wilaya d'El Tarf à l'Espagne via le Maroc et l'entrée en production des nouvelles centrales tout au long du 2e semestre de l'année 2009. Le projet est pharaonique et le p-dg de la Sonelgaz l'a évoqué à plusieurs reprises lors de la conférence de presse évoquée. Autres projets : les programmes publics d'électrification et de distribution de gaz naturel. Il est prévu, dans ce registre, un investissement de 37,5 milliards de dinars destiné à la réalisation de près de 3 000 km de lignes électriques et de 5 400 km de canalisations de gaz. Le renouvelable aussi L'année 2009 devrait atteindre un nombre jamais égalé de mises en service de nouvelles distributions publiques du gaz, avec plus de 200 contre une moyenne de 80 ces dernières années, souligne le p-dg de Sonelgaz. Pour ce qui se rapporte à la promotion des énergies renouvelables, le groupe a décidé d'engager une politique volontariste en la matière, en mettant chaque année en service, à partir de 2014, plus de 4 MW de solaire photovoltaïque, a-t-il dit, soulignant à ce sujet la stratégie de Sonelgaz de devenir «un acteur majeur dans le développement du solaire industriel et semi-industriel en Algérie et dans la région du Maghreb». D'ici à 2019, l'opérateur public va investir, avance-t-il, plus de 3 052 milliards de dinars pour assurer l'approvisionnement en énergie et la qualité de service. Ce montant concerne l'ensemble des investissements décidés ou en idée de projets relatifs à la production au transport et à la distribution de l'électricité ainsi qu'au transport du gaz. Selon les perspectives de développement présentées par Sonelgaz, le parc de production prévu sur la période 2009-2019 totalisera une puissance de 11 800 MW pour le réseau interconnecté national et 500 MW pour les réseaux isolés du Sud. Une quinzaine de centrales électriques de Sonelgaz et d'autres producteurs entreront en production entre 2009 et 2015. Ce plan prévoit essentiellement la réalisation de la dorsale 400 kV qui reliera le Nord au Sud, dont la mise en service est prévue pour 2012, et une deuxième dorsale (400 kV) Grand sud qui sera opérationnelle en 2015. Pour le transport du gaz, le plan de développement sur la période 2009-2019 concerne, notamment, les programmes de distribution publique du gaz décidés par l'Etat dans le cadre des différents programmes de soutien à la croissance. La longueur globale du réseau de transport du gaz à réaliser sur la période 2009/2019 est de 7 380 km, incluant le Gazoduc Rocade Est-Ouest (GREO) qui reliera Khenchela à Sidi Bel Abbès. En 2008, Sonelgaz a investi plus de deux cent cinq milliards de dinars (2,9 milliards de dollars), dont cent dix milliards de dinars mobilisés auprès des banques. Le président-directeur général de Sonelgaz souligne toutefois que l'augmentation du volume des investissements durant l'année dernière a été accompagnée d'une baisse continue du résultat net de l'entreprise qui a atteint seulement 1,7 million de dinars. L'année 2008 s'est caractérisée, également, par une diminution de quelques indicateurs de performance du groupe. Selon les chiffres consolidés de Sonelgaz, hors filiales, la capacité totale installée pour la production d'électricité a atteint 8 041 MW en 2008, contre 8 412 en 2007, soit une baisse de 4,41%. La capacité des sociétés de production d'électricité du groupe (SPE) a atteint l'année passée 6 381 MW contre 6 752 MW en 2007, en recul de 5,5%. Résiliation d'abonnements en série Quant aux capacités installées des producteurs indépendants, elles se sont stabilisées à 1 660 MW durant les deux dernières années, des résultats n'ayant pas, cependant, influé sur le niveau de production totale qui s'est établi en 2008 à 39 993 Gwh en hausse de quelque 8% par rapport à 2007. Le nombre total de clients électricité, en 2008, a connu une hausse de 3,9% totalisant 6 275 663 clients. L'accroissement de la clientèle alimentée a atteint 232 789 clients en basse tension, soit une hausse de 9,1% par rapport à l'année dernière, 1 556 nouveaux clients en moyenne tension (+10,7%) et 10 nouveaux clients en haute tension. La puissance maximale appelée enregistrée, en 2008, pour la pointe hiver est de 6 925 MW, soit une évolution de plus de 8% par rapport à 2007. Selon le groupe, ces résultats ont été réalisés grâce au développement du réseau transport passé de 4 700 km, en 2003, à plus de 8 000 km en 2008, en hausse de 70% et les réseaux de distribution de 24 000 km, en 2003, à près de 42 000 km en 2008 (+74%). Concernant le gaz, pas moins de 80 distributions publiques ont été mises en service augmentant le taux de pénétration du gaz à 43%. En seulement cinq années, ce taux est passé de 33 à 43%. La clientèle gaz a connu, en 2008, une hausse de 9,1% par rapport à 2007, avec près de 218 527 nouveaux clients basse pression enregistrés. Sonelgaz a procédé, en 2008, à la résiliation de l'abonnement de plus de 121 000 clients en basse tension et 817 clients en moyenne tension en raison du non-paiement de factures. Sur ce point, le groupe précise que ses créances auprès des clients, en 2008, ont atteint 19,3 milliards de dinars en hausse de 16% par rapport à 2007. Le groupe fait face aux fraudeurs, ces foyers qui s'alimentent illégalement en électricité. C'est un phénomène répandu dans les bidonvilles. Nourreddine Bouterfa dira, à ce propos, que la Sonelgaz ne peut, à elle seule, le faire disparaître. Pour ce qui est de l'activité à l'international, la Sonelgaz travaille déjà à des projets en ce sens, notamment dans le segment exportation de l'électricité. Mais pour se développer, comme elle le doit, à l'international, la Sonelgaz a besoin de ressources, beaucoup de ressources, comme le fait remarquer le ministre de l'Energie et des Mines, présent à la conférence de presse susmentionnée.