C'est un rendez-vous historique, pourvu que le Maroc «réponde positivement et sérieusement» à l'invitation de Ban Ki-moon. Des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario débuteront le 18 du mois en cours sous les auspices des Nations unies, à en croire une source sahraouie. En tout cas, le Front Polisario a été destinataire d'une invitation du secrétaire général de l'ONU pour entamer les négociations, telles que recommandées par la résolution 1754, votée le 30 avril dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU. C'est un rendez-vous historique, pourvu que le Maroc «réponde positivement et sérieusement à cette invitation». C'est le voeu formulé par la partie sahraouie, lors de la réunion, dimanche, du secrétariat national du Front Polisario, sous la présidence du chef de l'Etat sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Rien n'est encore sûr, puisque le Maroc ne s'est pas engagé, à accepter l'invitation de Ban Ki-moon, secrétaire général des Nations unies. Diplomatiquement, la valse du ministre marocain des Affaires étrangères bat son plein. Il s'est rendu, hier, à Paris, aux fins de chercher l'aide chez les protecteurs traditionnels du Royaume. Ce va-et-vient va-t-il s'arrêter à la faveur de cette invitation officielle des Nations unies? Les vrais enjeux attendent le Maroc au siège de l'ONU, le 18 du mois. Acceptera, acceptera pas? D'ici là, l'atmosphère promet cependant de s'alourdir par les manoeuvres auxquelles s'adonnait le Royaume alaouite pour éviter le raccourci des négociations. Le Front Polisario a souhaité que le Maroc «n'ait pas recours, comme par le passé, à la pratique des atermoiements et (au) dressement des obstacles (...) ayant paralysé l'application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité portant sur différents plans de paix». Le secrétaire général des Nations unies pourrait se retrouver dans deux configurations inconfortables: soit le Maroc demanderait d'ajourner la date de l'entame des négociations avec l'aide de ses parrains, soit le Royaume poserait des conditions aux fins de dresser des obstacles au processus du dialogue. Parmi ces éventuelles conditions, figure celle relative à la médiation des Français et/ou des Américains. Ce sera risqué pour la crédibilité des négociations. Dans les deux cas, les négociations risquent d'être compromises. En tout cas, les pressions et les manoeuvres tendant à faire tomber la résolution 1754 du Conseil de sécurité ont commencé juste après son adoption. Ce qui explique simplement et clairement l'absence d'une alternative à l'autodétermination du peuple sahraoui, le seul habilité à s'exprimer sur le destin du Sahara occidental. Le Front Polisario a, d'ailleurs, appelé le gouvernement espagnol à «assumer pleinement ses responsabilités historiques et politiques» vis-à-vis du parachèvement de la «décolonisation» du Sahara occidental. La partie sahraouie a invité aussi le gouvernement de Luis Rodriguez Zapatero à défendre «sans hésitation ou faux-fuyants le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination à travers un référendum libre et transparent». Sur le terrain, il n'y a pas que la position espagnole à prendre en compte. En arrière-plan figurent aussi des pressions US sur Peter Van Valsum, l'envoyé spécial de Ban Ki-moon, ainsi qu'un soutien français, contre toute logique, à l'entêtement de Rabat. Quelle suite donnera le Maroc à l'invitation de Ban Ki-moon? Attendons pour voir.