Ce sont le FLN, le PRA et le PT qui ont ouvert le bal des candidatures, en même temps que certains indépendants. Malgré l'appel au boycott lancé par les radicaux et le risque d'une violence annoncée en Kabylie, plusieurs partis politiques s'apprêtent à aller aux élections dans la région et ont retiré déjà leurs formulaires de candidatures au niveau de la Drag (Direction de la réglementation et des affaires) de Tizi Ouzou. Ce sont le FLN, le PRA et le PT qui ont ouvert le bal des candidatures, en même temps que certains indépendants. D'ailleurs, il n'est pas exclu que certains dialoguistes proches d'Allilouche et son mouvement des citoyens libres se présentent comme candidat aux prochaines législatives, il lui faut, pour cela, recueillir 400 signatures. La date réglementaire de retrait et de dépôt des dossiers de candidatures est fixée au 14 avril prochain soit 45 jours avant le lancement du scrutin prévu le 30 mai. Le nombre de sièges à la députation revenant à la wilaya est de 14, soit un siège pour 80.000 habitants, pour une population globale estimée à 1.200.000 âmes. La wilaya de Tizi Ouzou dispose d'un réservoir électoral de 558.000 voix, selon le recensement effectué avant l'élection présidentielle d'avril 1999. Mais, ce qui inquiète le plus la commission d'organisation des élections et surtout certains partis politiques, c'est la sécurité autour et dans les bureaux de vote dans les wilayas touchées par la contestation. Tizi Ouzou, Bouira, Boumerdès et surtout Béjaïa. L'inquiétude est encore plus grande après l'action spectaculaire des ârchs radicaux de Tizi Ouzou qui n'ont pas eu de mal à accéder dans les locaux jusque-là interdits au public de l'APC, pour récupérer et confisquer les urnes et les affiches prévues pour les législatives du 30 mai. Une action qui démontre, si besoin est l'absence totale de l'Etat et de sa sécurité dans l'une des wilayas les plus importantes du pays. Louisa Hanoune, porte-parole du PT, qui a été l'un des premiers partis à retirer les formulaires de candidature à Tizi Ouzou, n'a pas caché sa crainte de voir la ville des Genêts se transformer en un «no man's land» où les électeurs et même les candidats seront sérieusement menacés. Certains, relève-t-elle, envisagent de voter à l'extérieur de leur wilaya, devenue trop risquée. Le PT, considéré comme un parti partisan de la cause berbère et très implanté à Tizi Ouzou, Azazga ou Béjaïa, envisage d'améliorer son score de 97 et dépasser les 9.000 voix, à Tizi et 10.000 à Béjaïa. Une tâche ardue pour Louisa Hanoune qui n'hésite pas à tirer à boulets rouges sur les radicaux en les accusant de diviser le pays et de créer une atmosphère de haine entre Algériens. Louisa Hanoune envisage d'ailleurs d'aller à la conquête de la Kabylie en organisant des meetings à Tizi et à Béjaïa. Certains militants ne cachent pas leur peur de voir leur porte-parole empêché de s'exprimer, voire agressé physiquement. La sécurité en Kabylie, c'est le souci majeur des partis et surtout des organisateurs des élections. Après la mise en quarantaine des gendarmes suite aux événements du printemps noir. Aucun service de sécurité n'a le contrôle de la situation à Tizi et à Béjaïa. La police, dans ces deux grandes villes, se fait discrète et ne s'occupe que de la circulation dans les grands carrefours. Pour certains observateurs et membres du Parlement, le pouvoir est prêt à tout pour réussir les élections. Un député proche du pouvoir a déclaré: «Les terroristes ne nous ont pas empêchés de passer, en 1997 ni en 1995. Je ne vois pas comment les radicaux des ârchs nous empêcheront d'aller aux élections en Kabylie.» «Il n'est pas exclu, selon ce même député, de voir des militaires surveiller les bureaux de vote comme au temps des menaces du GIA.» L'allusion au corps armé renseigne sur la difficulté de la tâche qui attend les collectivités locales pour l'organisation et la sécurisation de ce scrutin important. Il est clair que l'allusion à l'ANP n'est pas fortuite, car elle est considérée comme un corps constitué neutre qui a toujours aidé la population kabyle contre la menace terroriste. Il est fort probable que l'armée, aidée de quelques GLD, se chargera de la sécurité lors des prochaines législatives, surtout que la majorité de la population kabyle aspire à un changement d'une situation qui a trop duré. En fait, de nombreux habitants de la Kabylie voudraient se prononcer sur un scrutin qui, pour une fois, les interpelle directement. Au FLN comme au RND, on reste confiant et on espère que la situation en Kabylie sera réglée d'ici à là. Ces partis partants pour les législatives en Kabylie sont bien introduits pour connaître d'avance les résultats de la rencontre entre le Président de la République et les dialoguistes et qui définira à coup sûr l'avenir de cette région martyrisée du pays.