Lettre à ma soeur sera présenté ce jeudi à 18 h en présence de la réalisatrice Habiba Djahnine... Le ciné-club de l'Association Chrysalide tend à se professionnaliser. Non, qu'il n'en est pas encore, mais cette fois, il s'est surpassé. Pour preuve, le programme alléchant, spécial documentaire, qui vous attend ce mois de juin, agrémenté, SVP, par la présence des réalisateurs. Une bonne nouvelle déjà pour les amateurs du genre. Ceux qui sont venus en tout cas, vendredi dernier, ne l'ont pas regretté. Bien au contraire. Deux films du réalisateur libanais Maher Abi Samra ont été projetés, devant un public de plus en plus nombreux et qui a pris l'habitude de suivre le chemin de la filmothèque Mohamed-Zinet de Riadh El Feth. C'est le documentaire Rond-Point Chatila (2004) qui inaugurera cet après-midi. Un film dramatique sur la situation des plus précaires des camps de réfugiés palestiniens au Liban. Un film poignant qui rend bien compte du sentiment d'ennui viscéral qui ronge ses habitants de ces quartiers qui vivent comme dans un labyrinthe, un espace clos délimité à 150m de la rue principale du camp ainsi que le premier étage de l'hôpital de Ghaza, et où le temps s'étire en longueur. Une cage ou l'on tourne en rond, piégé comme un rat! Ennui et tension sont bien restitués, au fur et à mesure que le film avance et son rythme s'allonge...A Chatila, le temps est suspendu et ces personnages se figent dans le vide, ils n'ont plus rien à attendre. Des fragments de vie sont déroulés et témoignent des conditions d'abandon et de misérabilisme de ces gens dont les Libanais voudraient bien se débarrasser par tous les moyens. En effet, loin des boîtes de nuit nocturnes et du Liban festoyant qu'on connaît, ces êtres dont le droit au retour n'est même pas toléré, revêtent une vie d'indigent à tel point que leur revendication d'aujourd'hui se limite, à savoir comment obtenir de l'eau et de l'électricité dans leur quartier. Pourrait-on leur en vouloir? Le silence de la résignation fait place aux cris de la population qui sortira dans la rue pour réclamer ses droits, les plus élémentaires...Loin des images militantes ou des feux de l'actualité et du simplisme qui entoure la situation des Palestiniens, Maher Abi Samra a su brosser un tableau humaniste en rendant compte du quotidien de ces gens comme nous tous qui rêvent d'en sortir, quitte à obtenir un visa, régulariser le passeport et fuir..«Ce que les Israéliens n ‘ont pas réussi à faire, les Libanais l'ont fait. Arrêtons de dire qu'ils sont des victimes. Ils sont bien conscients», estimera-t-il lors du débat qui suivra la projection. Fort intéressant est ce regard que jette ce réalisateur éclairé sur les Palestiniens, car il nous renseigne sur la complexité de l'histoire dont il faut toujours se rappeler les méandres...Sombre, muet et décliné en noir et blanc décrépi, sur fond sonore sourd, est le second film, intitulé Juste une odeur (10 minutes). Un bateau assurant une liaison maritime pour venir en aide aux victimes de la guerre. Des corps sont retirés des décombres par des humanitaires qui évoluent entre lumière et ténèbres, entre la vie et la mort, des corps qui retravaillent les frontières d'autres corps, l'odeur macabre recouvrant les vivants, annonce d'autres morts programmées. Ces images de tombes, de pierres, de cercueils et de no man's land sont autant de témoignages sur la «saleté» de cette guerre qui n'en finit pas de compter ses morts...Autre documentaire qui mérite d'être vu, est Lettre à ma soeur de Habiba Djahnine (2006) qui sera projeté ce jeudi, à 18h. Suivra, le vendredi, à 17h30, Le jeu de l'oie du professeur Poilibus, de Franssou Prenant (2007). A ne pas rater!