Les partis politiques jouent-ils leur rôle social? Sont-ils une réelle courroie de transmission entre la base et le sommet? Sont-ils porteurs des aspirations des petites gens? C'est la stabilité et la continuité qui ont été privilégiées par le chef de l'Etat, quitte à froisser une bonne partie de la classe politique. Le RCD et le MSP ruent dans les brancards, le premier pour avoir été écarté de la composition du gouvernement, le second pour n'avoir pas obtenu les portefeuilles visés. Une chose est sûre: le président n'a pas tenu compte des avertissements lancés par le corps électoral, par la trop forte abstention aux élections législatives du 17 mai. Y a-t-il un message du 17 mai? Quelle a été la réponse du pouvoir? Dès le soir des législatives, M.Belkhadem avait dit qu'il n'y avait aucun signal. Le fait même que le FLN soit arrivé en tête, tout en perdant des voix et des sièges, et malgré un taux de participation ridiculement bas, ne donnait pas la migraine au SG du vieux parti. Au contraire, il y voyait un encouragement à aller de l'avant. Sans être aussi euphorique, et tout en enregistrant l'abstention comme un avertissement envoyé à l'Exécutif, le RND n'exprimait pas moins la même autosatisfaction. Ce qu'il y a à craindre, en l'état actuel des choses, c'est de voir le fossé se creuser entre le pouvoir et les citoyens. En ne prenant pas en compte une colère non feinte, le gouvernement risque gros face à la morosité ambiante. Les partis politiques jouent-ils leur rôle social? Sont-ils une réelle courroie de transmission entre la base et le sommet? Sont-ils porteurs des aspirations des petites gens? Travaillent-ils dans le sens de l'intérêt général? Il y a quelque temps, le FLN s'était signalé par un surcroît d'activité, organisant des brainstormings pour étudier des projets de textes de loi, usurpant aux partis démocrates l'appellation de force de proposition: le statut du journaliste, la presse et la démocratie, la révision de la Constitution, etc. et puis il est soudain devenu aphone. Pourquoi un tel changement d'attitude? Si le parti majoritaire à l'APN et au gouvernement, dont le chef dirige l'Exécutif, décide de mettre en veilleuse ses propositions, c'est tout le pays qui sera en panne. Autre remarque: en ne prenant pas en compte le message politique du 17 mai, le FLN, et donc M.Belkhadem lui-même tournent le dos à la communication moderne qui insiste sur le langage de vérité. L'opinion publique veut des dirigeants qui réagissent au quart de tour quant aux priorités politiques de l'heure, sinon elle se sentira flouée; le FLN est-il capable d'un tel tour de force, d'une telle exigence? Toute la question est là. On a vu le RND et le MSP, également membres de l'Alliance présidentielle, être plus à l'écoute de l'opinion publique. Par voie de conséquence, faire de la politique, c'est aussi être capable d'écouter, de lire les messages issus des urnes, sinon à quoi serviraient les élections? Au-delà d'élire des responsables, un bureau de vote est également le reflet de la volonté populaire. Ignorer une telle donne conduit à se couper de l'opinion publique. C'est peu dire qu'il y a malaise. Les difficultés de la vie quotidienne, auxquelles sont confrontés les citoyens, auraient gagné à être prises en compte par les états-majors des partis. Il y a eu, entre autres, un hiatus entre les promesses démagogiques faites tout au long de la campagne électorale et la composition du gouvernement. Au-delà des noms et des personnalités qui ont été reconduits, pour la plupart, il y a le fait qu'on ait fait comme si de rien ne s'était passé. Le vote aurait donc été inutile. L'Etat de droit, qui est foulé aux pieds par le mépris affiché à l'égard du résultat des élections, notamment la trop forte abstention, est dans un piteux état. Il faudra encore plus de travail de la part des membres de l'Exécutif, dont un bon nombre s'est vu conforté dans ses choix par la voie des urnes, pour regagner la confiance des citoyens. Dans un pays où les entreprises ont encore du mal à recruter des cadres qualifiés -ce qui est un signe d'une offre supérieure à la demande et donc d'une croissance forte-, cette surchauffe ne laisse pas d'avoir des effets négatifs aussi bien sur le chômage que sur le pouvoir d'achat des citoyens, alors que rien n'est fait pour rétablir la communication entre le gouvernement et les administrés.